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Le bonheur pour tous

Class40
Best of arrivées  |  19 novembre 2025 - 14h58
Ils ne sont pas les premiers, ne sont pas sous les feux des projecteurs et pourtant ils sont allés au bout d’une incroyable aventure. Les binômes en Class40 qui sont arrivés ces dernières heures à Fort-de-France disent beaucoup de la dureté de la course et de leur capacité constante à tout donner et à ne jamais rien lâcher.

Il y a eu la bataille pour la victoire, incroyable concentré de suspense qui a tenu en haleine tous les passionnés de la course au large. Puis, la bagarre pour les places d’honneur a valu aussi son pesant d’or tant elle a obligé ses acteurs à s’employer sans compter pour bien figurer. À l’arrivée sur les pontons, c’est une succession de visages fatigués mais radieux, éreintés et pourtant si enthousiastes. 

Sept arrivées en une heure ! 

Tout s’est donc accéléré mardi dans la journée. Bleu Blanc Planète Location (Quentin Le Nabour et Thierry Chabagny) avait basculé en tête dans le match des poursuivants, en franchissant la ligne à 10 h 52 (heure locale). La suite, c’est l’impression d’être au cœur d’une étape de la Solitaire du Figaro et surtout à en oublier que les skippers ont traversé l’Atlantique et ont plus de 5 000 milles dans les pattes. 

Ainsi, en l’espace d’une heure, sept binômes sont arrivés : Vogue avec un Crohn (Pierre-Louis Attwell et Maxime Bensa à 11 h 34, heure locale), Maccaferri Futura (Luca Rosetti et Matteo Sericano à 11 h 45), Amarris (Achille Nebout et Gildas Mahé, à 11 h 48), Legallais (Fabien Delahaye et Pierre Leboucher à 12h02), Ekinox (Benoit Sineau et Alberto Riva, à 12 h 09), Inland Roots Ocean Soul (Milan Kolacek et Pierre Brasseur, à 12 h 22) et Centrakor Hirsch (Mikael Mergui et Keni Piperol à 12 h 24) !

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© Jean-Louis Carli / Alea

Les marins ont tous savouré intensément l’arrivée, le bonheur de lâcher enfin les commandes, d’oublier les quarts, la stratégie, la compétition et de souffler enfin. « Ça fait plaisir de retrouver la terre, les amis et tout le monde », savoure Robin Follin (Solano). Il y a beaucoup de joie, de fierté et d’émotion »

Dans leurs premiers mots, les skippers sont revenus sur ce plaisir là et la qualité du spectacle proposé aussi. « C’est une arrivée exceptionnelle avec tous les copains autour, sourit Benoit Sineau. Être à la bagarre à l’arrivée avec plus de cinq bateaux, c’est vraiment intense ! » Alberto Riva évoque une explosion de J2, Mikael Mergui une avarie sur son antenne satellite, Thimoté Polet « un manque de réussite ». Concernant la bataille finale, Mikael Mergui a le sens de la formule : « la bagarre des 24 dernières heures, on pourrait y consacrer un livre de 600 pages ! ». 

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© Jean-Louis Carli / Alea

« C’est fou tout ce qu’on a eu à surmonter techniquement »

Très vite au fil de ces premières prises de parole, il est question de la dureté de l’aventure. « C’était vraiment très long, heureusement qu’il y a eu du match à la fin, ça nous a permis de tout oublier », sourit Pierre Brasseur. « Même si c’était très sympa, il y a eu des moments compliqués, souligne Rosetti Luca. C’était tout sauf une course facile ». « C’est vrai que ça n’a pas toujours été simple, abonde Achille Nebout. Nous avons eu des soucis techniques, j’ai eu des problèmes de santé, on n’a pas toujours été en réussite mais on a tenu bon ! » Ceux qui ont opté pour la route nord ont également dû traverser nombre de péripéties. 

« C’est fou tout ce qu’on a eu à surmonter techniquement, d’autant que l’état de la mer était très complexe, raconte Pierre Leboucher. J’ai eu l’impression que quoi qu’il se passe, on avait toujours trois fronts à passer ! » « La route nord était vraiment engagée mais on est content de l’avoir prise et d’être arrivés aussi tôt », assure Guillaume L’Hostis (Alternative Sailing – Les Constructions du Belon). « Cette route, c’était une expérience à part, on a eu des conditions qu’on n’avait jamais affrontées avant », ajoute son coskipper Antoine Le Manchec

Les arrivées sont aussi l’occasion de belles retrouvailles avec les proches. Achille Nebout et Pierre Leboucher ont rapidement pris leur bébé dans les bras, retrouvé la tendresse de l’étreinte et l’insouciance des regards. Plus grands, les deux enfants de Fabien Delahaye sont vites montés à bord et semblaient plus intéressés par la noix de coco offerte à leur père qu’à ses mots prononcés au micro. À chaque arrivée, ces applaudissements, ces accolades et ces embrassades. Tous peuvent savourer la joie simple de s’être donné sans compter et jusqu’au bout. Cette abnégation, c’est peut-être leur plus grand point commun. Keni Piperol a une phrase qui colle si bien à leur engagement à tous : « pendant toute la course, on n’a jamais lâché un millimètre. »

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© Jean-Louis Carli / Alea