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"Une aventure de dingue" Colman et Blanchard

IMOCA
Édition 2025  |  15 novembre 2025 - 12h53
Au cœur de la nuit martiniquaise, ce samedi, Conrad Colman et Mathieu Blanchard (MSIG Europe) en ont terminé à leur tour. Sur le ponton, le skipper et l’ultra-trailer ont pris le temps de revenir sur une aventure de 19 jours et 14 heures particulièrement éprouvante entre leur arrêt à Roscoff et des systèmes météo très musclés. Ils rappellent la dureté des conditions de vie sur les bateaux, la difficulté de traverser l’Atlantique et dressent des parallèles entre leurs deux univers.

Leurs premières impressions 

Conrad : « On a un peu traîné, on est arrivé un peu tard mais j’apprécie beaucoup le fait que le public soit là pour fêter ce moment avec nous. Et maintenant on va profiter ensemble ! »

Mathieu : « C’était vraiment fou, je dois avouer que j’ai beaucoup souffert. C’était une aventure de dingue, c’était très difficile, j’ai beaucoup souffert… Je tiens à remercier Conrad : s’il n’avait pas été là, je crois que le bateau aurait coulé au milieu de l’océan. J’ai adoré même si la première nuit m’a rendu K.O. La prochaine fois, commandez des conditions plus clémentes au début ! » 

Mathieu, un regard à part

Mathieu : « Ça a commencé à être plus tranquille à partir des Canaries. On a mis du temps à y arriver, une bonne semaine, la faute à une deuxième tempête qu’on a dû affronter au large du Portugal. Tout le début, ça a été difficile… Ensuite, j’ai pris mes marques. Et quand on a pu bénéficier du « ventilateur » des alizés, c’était plus agréable. Il y a eu des moments d’ennui qui sont très durs à vivre. En plus, Starlink nous a lâchés, ce qui nous a obligés à une sobriété numérique. Au début c’était dur et finalement, ça m’a fait un bien fou. L’ennui aide à être plus créatif : je reviens à terre avec plein de projets ! » 

Conrad : « C’était vraiment sympa de vivre la course à travers les yeux de Mathieu. J’avais un peu perdu ce que c’était vraiment une transatlantique depuis ma première en 2005. Bien sûr, c’était parfois fatigant, c’est dur de voir que tout est parfois remis en question. Mais j’ai revu la nécessité de savoir gérer le bateau, gérer la course, gérer nous-mêmes. Après avoir fait le Vendée Globe avec ce bateau, c’était la meilleure manière de revivre certaines sensations et d’avoir l’occasion de le partager. »

Les passerelles entre leurs deux univers  

Mathieu : « On est dans un espace restreint pendant quasiment trois semaines donc on apprend beaucoup l’un de l’autre. Il y a beaucoup de similitudes dans notre vision de la vie, du sport, de l’aventure. Moi je pratique un sport qui demande des particularités mentales, d’aptitudes de gestion du sommeil, de nutrition qui sont très proches. Je n’avais aucune idée de ce qu’était cet univers et c’est dommage parce qu’on partage beaucoup et qu’on pourrait être amis dans la vie. » 

Conard : « Mentalement, physiquement, nos sports sont assez similaires. On a bien vu qu’on pouvait distinguer les gens de terre et les gens de mer. On verra dans quel genre de difficultés je serai quand on va commencer à courir ensemble ! Moi, ça m’a permis de me confronter à un des meilleurs athlètes dans sa discipline, voir comment il se gère, comment il gère son sport. » 

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© Jean-Louis Carli / Alea