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Un jour sans fin... pour les Class40

Best of course  •  Édition 2025  |  10 novembre 2025 - 18h30
Alors que les derniers IMOCA sont attendus d’ici vendredi à Fort-de-France, la bataille continue sur l’Atlantique pour les 35 Class40 encore en mer. Au quinzième jour de course, la route semble parfois interminable, et une question se fait insistante à bord : comment gérer l’eau, la nourriture et l’énergie prévues pour une traversée initialement plus courte ?

Difficile, à ce stade, de dire qui des Nordistes ou des Sudistes ont choisi la meilleure option pour montrer leurs étraves en premier dans la Baie des Flamands. Pour beaucoup, le temps semble s’étirer indéfiniment avec une nouvelle problématique : comment gérer les ressources à bord ?

Une faille spatiotemporelle au sud

"Depuis plusieurs jours, nous sommes aux aguets à l'heure de sortie des fichiers météo", écrivait ce matin l’équipage de Défi Solidaire avec Ellye et L’Arche. "Et pour cause : chaque nouveau routage nous donne le même temps de course, ce qui signifie que l'on parcourt du mille, mais que le temps à l’arrivée, lui, ne diminue pas." Les navigateurs ayant choisi l’option sud ont cette désagréable impression d’incarner Bill Muray dans le film Un jour sans fin. "Cela fait trois jours que les routages nous balancent 13 jours de course", écrit à son tour Centrakor Hirsch. "On est en plein remake des Bronzés font du ski quand ils sont perdus dans la montagne avec l’hélico : On arrive dans un quart d’heure, à la station ! Ça fait deux heures que ça fait un quart d’heure." Une pointe d’humour mais qui masque une autre réalité : la course s’allonge, et les réserves s’amenuisent.

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© Team

Entre rationnement et débrouille

"On a commencé à se poser la question de l'eau aujourd’hui", confiait ce matin à la vacation Emmanuel Hamez (Viranga). "Heureusement on avait prévu large car Gérald a déjà eu une expérience un peu tendue sur le sujet. On avait 150 litres d’eau, il nous en reste encore 60-65 litres, donc 2 litres par personne sur la base de 15 jours. Ça devrait le faire, mais rien de trop." En revanche, à bord de Défi Solidaire avec Ellye et L’Arche, Nicolas Jossier et Sophie Faguet, c’est une autre histoire. "Nous avons compté et recompté notre avitaillement restant et nos liquides afin de rationner si besoin. Nous attendons maintenant de savoir s'il faut répartir sur 14 ou 10 jours." Un stress aussi sur Centrakor Hirsch "Je ne dors pas super et je commence à faire attention à la nourriture pour la fin. Mais le moral tient, et l'ambiance est bonne à bord."

Avec deux Vendée Globe à son actif, Manu Cousin (Coup de pouce) relativise. "Je fais très attention et je suis plutôt conservateur et Jean-Baptiste aussi. Pour la nourriture, je prends toujours un petit peu plus. Et là, quand on s'était aperçu que la course allait sûrement être plus longue que ce qu'on avait imaginé au départ, on a rajouté quelques lyophilisées."

VIRANGA - Class40

"Comme dans Apollo 13" : la chasse aux ampères

Au-delà de l’avitaillement et de l’hydratation, c’est le manque d’énergie qui préoccupe les équipages. "Maintenant, on fait comme dans Apollo 13", plaisante Emmanuel Hamez (Viranga). "On éteint les systèmes électroniques dont on n'a pas besoin pour économiser les ampères et fort heureusement, il commence à y avoir du soleil donc on recharge."

À bord, l’énergie est vitale : elle alimente les instruments, les feux de navigation, les systèmes de communication. "Le plus gros consommateur d'énergie, ça va être le pilote et ensuite les communications", racontait ce matin Nicolas Lemarchand de Weecycling, à la vacation. "Pour palier au pilote, on barre pas mal en ce moment, c'est assez agréable. Et pour les communications, on ne met que 10 minutes toutes les heures pour prendre les pointages et la météo, après on coupe."

Fort heureusement pour les skippers, une nouvelle source d’énergie commence à faire son apparition : le soleil. "On a les panneaux solaires qui donnent bien, puisque je vous cache pas que les dix premiers jours ils ne servaient pas à grand chose", sourit Nicolas Lemarchand. "A partir de maintenant, on devrait être bons !"

Et ils ont désormais jusqu'au 24 novembre pour franchir la ligne d'arrivée.