Rapidement, c’est devenu une obsession. Depuis plusieurs jours, à chaque fois qu’ils étudient la météo à bord (le routage est interdit lors de cette édition, ndlr), ils avaient les yeux rivés sur le Sud, sur le fameux Pot-au-noir. Si cette zone concentre autant l’attention, c’est qu’elle peut bousculer les forces établies. « C’est la zone de convergence intertropicale où il y a beaucoup de grains, d’orages et où le vent est très incertain », rappelle Anthony Marchand (Actual Ultim 4). Il faut être extrêmement vigilant, de jour comme de nuit. Tu peux passer de 45 nœuds à néant ! » .
« Ce qui compte, c’est de viser le bon point d’entrée »
« On ne peut pas l’éviter mais tout l’enjeu, c’est de le traverser le plus rapidement possible », ajoute Franck Cammas (SVR-Lazartigue), qui est le premier à y être confronté avec Tom Laperche. « Il n’y a rien de très particulier mais c’est compliqué, assure d’ailleurs Tom. Globalement, il n’y a pas beaucoup de vent même si on a parfois des rafales un peu plus fortes. Il faut savoir rester aux aguets aux manœuvres ». « Ce qui est différent, c’est le fait que nos fichiers météo, qui sont habituellement très fiables, ne le sont plus, dit Julien Villion, le coskipper d’Anthony Marchand. C’est une grande période d’incertitude »
Quoi qu’il en soit, tous ces marins très expérimentés – ils l’ont tous déjà traversé – savent qu’il y a une méthode pour ne pas y laisser trop de plumes. « Ce qui compte, c’est de viser le bon point d’entrée, explique Franck Cammas. Ensuite, il faut être opportuniste, se baser un peu moins sur les fichiers et la théorie et un peu plus en regardant le ciel pour anticiper les moindres variations du vent ». « Plusieurs jours à l’avance, on regarde quelle est la meilleure entrée, ajoute Anthony Marchand. C’est quelque chose que tu surveilles constamment, jusqu’à quelques heures avant d’y arriver ».
Néanmoins, tous se font une première idée de ce point d’entrée assez rapidement. « On a besoin de fixer les grandes lignes de ce qu’on va faire après les Canaries pour savoir le point que l’on vise dans le sud », précise Julien Villion. Dans cette phase, l’approche est « très rationnelle » dit celui qui a fait partie de la cellule routage d’Edmond de Rothschild lors de l’Arkéa Ultime Challenge.