SVR LAZARTIGUE

Réussir son passage au Pot Comment assurer la traversée du Pot-au-noir

ULTIM
Édition 2025  |  01 novembre 2025 - 10h45
Les ULTIM sont les seuls à devoir traverser le Pot-au-noir à deux reprises. SVR-Lazartigue, le leader de la course, est le premier à y être confronté depuis ce samedi matin. Cette zone, particulièrement instable, peut bousculer la hiérarchie et rebattre les cartes. Avant le départ, les skippers nous en expliquaient les enjeux.

Rapidement, c’est devenu une obsession. Depuis plusieurs jours, à chaque fois qu’ils étudient la météo à bord (le routage est interdit lors de cette édition, ndlr), ils avaient les yeux rivés sur le Sud, sur le fameux Pot-au-noir. Si cette zone concentre autant l’attention, c’est qu’elle peut bousculer les forces établies. « C’est la zone de convergence intertropicale où il y a beaucoup de grains, d’orages et où le vent est très incertain », rappelle Anthony Marchand (Actual Ultim 4). Il faut être extrêmement vigilant, de jour comme de nuit. Tu peux passer de 45 nœuds à néant ! » .

 

« Ce qui compte, c’est de viser le bon point d’entrée »

« On ne peut pas l’éviter mais tout l’enjeu, c’est de le traverser le plus rapidement possible », ajoute Franck Cammas (SVR-Lazartigue), qui est le premier à y être confronté avec Tom Laperche. « Il n’y a rien de très particulier mais c’est compliqué, assure d’ailleurs Tom. Globalement, il n’y a pas beaucoup de vent même si on a parfois des rafales un peu plus fortes. Il faut savoir rester aux aguets aux manœuvres ». « Ce qui est différent, c’est le fait que nos fichiers météo, qui sont habituellement très fiables, ne le sont plus, dit Julien Villion, le coskipper d’Anthony Marchand. C’est une grande période d’incertitude »

Quoi qu’il en soit, tous ces marins très expérimentés – ils l’ont tous déjà traversé – savent qu’il y a une méthode pour ne pas y laisser trop de plumes. « Ce qui compte, c’est de viser le bon point d’entrée, explique Franck Cammas. Ensuite, il faut être opportuniste, se baser un peu moins sur les fichiers et la théorie et un peu plus en regardant le ciel pour anticiper les moindres variations du vent ». « Plusieurs jours à l’avance, on regarde quelle est la meilleure entrée, ajoute Anthony Marchand. C’est quelque chose que tu surveilles constamment, jusqu’à quelques heures avant d’y arriver ». 

Néanmoins, tous se font une première idée de ce point d’entrée assez rapidement. « On a besoin de fixer les grandes lignes de ce qu’on va faire après les Canaries pour savoir le point que l’on vise dans le sud », précise Julien Villion. Dans cette phase, l’approche est « très rationnelle » dit celui qui a fait partie de la cellule routage d’Edmond de Rothschild lors de l’Arkéa Ultime Challenge. 

ACTUAL ULTIM 4

« On y passe moins de temps mais le risque est plus fort » 

Une fois à l’intérieur, chaque duo essaie de « schématiser les zones sans vent et celles où les développements de nuages sont plus importants ». Le coskipper d’Actual explique également que la stratégie « ne vise pas à éviter les grains mais à faire des sauts de grain en grain, de nuage en nuage pour s’en sortir ». « Tu peux t’en sortir en une dizaine d’heures ou alors rester coller et être fortement ralenti », résume Tom Laperche. 

Néanmoins, le jeune skipper rappelle que « l’avantage en Ultim, c’est qu’il ne suffit que de quelques nœuds de vent pour repartir ». « La différence avec les autres bateaux qui le traversent, c’est qu’on y passe moins de temps mais que le risque est plus fort, abonde Franck Cammas. Avec la vitesse, les écarts peuvent être plus conséquents qu’en IMOCA par exemple, mais tu peux aussi perdre plus de terrain ». Même son de cloche pour Julien Villion : « personne ne peut dire qu’avec 100 milles avant le Pot-au-noir, il aura fait le travail ; 100 milles, c’est seulement trois heures en Ultim ! J’ai déjà vu des bateaux y perdre 150 milles ! » 

Pour rappel, les marins de la classe devront le traverser à deux reprises car il est également sur leur route en remontant vers les Caraïbes. Mais ce deuxième passage s’annonce moins problématique. « À l’ouest, le Pot-au-noir est plus étroit et moins actif. On ressent la transition mais elle est bien moins virulente qu’à l’est », assure Julien Villion. « À l’aller, on a intérêt à passer le plus Est possible pour raccourcir le chemin alors qu’au retour, on passe à l’ouest où la zone est moins active, on n’est pas obligé de couper le virage », décrypte Franck Cammas. Quoi qu’il en soit, le Pot-au-noir sera un des points clés de la course. Anthony Marchand assure : « tout ne se jouera pas là mais c’est sûr qu’il peut se passer beaucoup plus de choses qu’au portant VMG dans les alizés ! »

Quid de la situation actuelle ? Le météorologue de la TRANSAT CAFÉ L’OR, Pierre-Yves Guillerm, confirme les propos d’Anthony Marchand : « généralement, il y a toujours une zone de vent mou à l’ouest de l’Afrique. La route qui serait la plus rapide pour traverser le Pot-au-noir est très à l’est. Mais il y a aussi des options pour le traverser tout droit en fin de journée… Ce sera aux skippers de savoir où mettre le curseur ! » 

 

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01/11/2025 Vacation radio avec Tom Laperche