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Retour en convoyage Comment les skippers s’organisent

Édition 2025  |  20 octobre 2025 - 14h00
Pour la première fois, le retour à la voile depuis la Martinique est obligatoire pour toutes les classes. Un engagement fort qui illustre la volonté de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie d’être à la fois innovante et motrice dans la transition qu’opère la course au large. Les skippers ont plébiscité l’idée et ont déjà commencé à s’organiser pour ce retour en mer.

Il s’agit du point 24 de l’avis de course que l’ensemble des skippers s’est engagé à respecter. Il stipule que les équipes « sont amenés à respecter différentes normes environnementales telles que l’obligation de retour des bateaux à la voile ». Dans un avenant, il est précisé que « ce retour à la voile est obligatoire à l’exception de cas d’avarie sérieuse validée par la Direction de course ». 

Rentrer à la voile après avoir disputé la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie ? « C’est une évidence, assure Anne-Claire Le Berre (Upwind by MerConcept, Ocean Fifty). Nous essayons tous de réduire au maximum notre impact, de décarboner notre activité donc la question ne se pose pas. S’il n’y a pas de souci majeur sur le bateau qui ne soit pas réparable, je ne vois pas d’autres solutions que de ramener le bateau ! » 

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« Je n’aurais pas considéré une autre option »

« Nous avons des bateaux qui sont destinés à traverser l’Atlantique et ça fonctionne dans les deux sens, sourit Yann Eliès, co-skipper d’Élodie Bonafous (Association petits princes - Quéguiner). C’est dans l’air du temps et puis tout nous pousse à revenir à la voile, d’autant que maintenant, la traversée est très rapide ». « C’est clair que pour avoir le bateau le plus rapidement possible à notre base et économiser les coûts, c’est la meilleure option », précise Justine Mettraux (Teamwork-TeamSnef). 

Forcément, la traversée sera plus longue pour les Class40 mais qu’importe. « Moi, je n’aurais pas pu considérer une autre option », assure Sasha Lanièce (Alderan). Nous sommes des marins, c’est à nous de trouver des solutions les moins polluantes possibles ». Vincent Riou (Pierreval- Fondation GoodPlanet) rappelle néanmoins qu’il faudra être vigilant, notamment à cause des conditions météo que les marins pourraient rencontrer : « il faut être prêt à ce que ça soit long et qu’on soit obligé de s’arrêter aux Açores, aux Canaries ou à Lisbonne ».

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Les Ministes en renfort 

Quoi qu’il en soit, le convoyage est aussi l’occasion de donner à certains l’occasion d’emmagasiner de l’expérience à bord. « Ça permet à certains membres de l’équipe technique de se confronter concrètement au large, ça peut être précieux pour modifier des choses sur le bateau », assure Yann Eliès. Rien de mieux que d’être à bord, longtemps, pour constater qu’il faut changer de place un taquet, améliorer le coin cuisine ou ajouter un petit rangement… 

Cela permet donc à toute l’équipe de se forger un vécu commun et de gagner en  savoir-faire et en expérience. Ce sera le cas à bord d’Upwind by MerConcept où Anne-Claire Le Berre fera équipe avec « deux filles du projet », Michaela Robinson et Tiphaine Ragueneau. « C’est génial de pouvoir leur permettre de partager ce moment, elles qui n’ont jamais ‘transaté’ à bord du bateau ». 

Afin de constituer une équipe pour partir, nombreux sont ceux qui « vont brancher des Ministes » dixit Vincent Riou. La Mini-Transat s’achèvera en effet au même moment en Guadeloupe. Les organisateurs encouragent d’ailleurs, dans l’avenant de course à « rentrer en contact avec la classe Mini pour aider à former votre équipage retour ». « J’ai quelques noms de copains Ministes qui seront ravis de faire le trajet retour en Class40 », sourit Sasha Lanièce. 

« Il y a beaucoup de Ministes qui sont demandeurs pour des convoyages, abonde Achille Nebout (Amarris). C’est vraiment génial de savoir qu’ils ne sont pas loin et qu’ils peuvent nous aider à ramener nos Class40 ». À bord de son bateau, Amarris, deux Ministes prendront place aux côtés de Gildas Mahé, le coskipper. Tous vivront une expérience forte et assurément de bons souvenirs. Yann Eliès, qui ne compte plus ses convoyages, le confirme : « tu peux à la fois tirer le bateau et profiter un peu plus de l’équipage et des paysages. Il y a des moments cools, un peu moins extrêmes. Ce sont de belles aventures à vivre ! »

Portrait AMARRIS
© Jean Marie Liot / Alea