LE LARGE, CET AUTRE SOMMET À APPRIVOISER
Le natif de Chamonix a également pris conscience que la course au large est un sport mécanique. Elle exige des connaissances pointues et d’avoir en permanence le bon matériel sous la main. "Quand on prend le large, on part avec sa maison, ironise Aurélien. On évite d’être pris au dépourvu au milieu de l’eau. C’est comme si, en montagne, on avait un refuge en permanence sur le dos. En bateau, on a notre maison avec nous, on a notre cellule de vie avec tout ce qu’il faut."
Se retrouver au milieu de cette immensité océanique, c’est justement ce qui a attiré, comme deux aimants, ces montagnards sans vraiment savoir à quoi s’attendre. "Lorsque je me suis retrouvé pour la première fois de ma vie au large avec Conrad, sans aucune terre autour de moi pendant plusieurs jours, ce n’était pas naturel, reconnaît Mathieu Blanchard. Ce vide est angoissant." Au fur et à mesure, l’athlète va dompter cet inconnu et cette sensation d’être coupé du monde. "Quand il n’y avait pas de vent, je me suis un peu ennuyé, avoue Mathieu. Et aujourd’hui dès qu’on s’ennuie, on a le réflexe de prendre le téléphone, de scroller et on remplit le vide avec du divertissement digital. Conrad a voulu me faire vivre une navigation avec très peu de réseau. Après plusieurs jours, j’ai apprécié cette déconnexion numérique. Ça m'a permis une introspection et de repenser différemment les liens sociaux."
À l’inverse, pour le skipper de Crosscall, l’appel de la mer a été quasi instantané. "J’ai tellement été charmé qu'en rentrant dans mes montagnes, je me suis dit : il va falloir que j'organise ma vie."