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Michel Desjoyeaux « je prends toujours autant de plaisir »

Class40
Départs  |  20 octobre 2025 - 11h10
À 60 ans, l’unique double vainqueur du Vendée Globe, également vainqueur de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie en 2007, repart pour un tour. Il a conçu un Class40 (TrimControl), y a apporté sa touche et sa vision et s’élance à travers l’Atlantique aux côtés d’Alexandre Le Gallais avec qui il est co-skipper. Entretien avec son franc-parler habituel et sa motivation de jeune premier.

Découvrez le duo - Trimcontrol

 

Que ressens-tu à l’idée de replonger dans le grand bain d’une course aussi prestigieuse ? 

Je ne suis pas très loin de faire le grand écart. À 40 ans, j’évoluais encore sur un 60 pieds et à 60 ans désormais, je vais naviguer sur un 40 pieds ! Plus sérieusement, je prends toujours autant de plaisir. Ça m’intéresse toujours autant de faire de la voile, de progresser, de trouver de nouvelles idées… Même si pour l’instant ce n’est pas le cas (rires), on a envie de bien naviguer. J’ai le même enthousiasme et la compétition continue de me porter ! 

En quoi ton projet Class40 est différent des autres ? 

Ça reste un Class40, à la jauge mais ça ne m’a pas empêché de trouver des petites choses, des optimisations, des façons de faire qui soient un peu différentes des autres. C’était ça tout le challenge de ce projet. J’aime beaucoup tout ce qui touche à la technologie et à la créativité.  Comme je n’avais pas d’expérience dans la classe, j’ai essayé de faire le bateau que j’imaginais… Il y a encore du boulot mais pour une première fois, on ne s’en sort pas trop mal ! 

Baptême Class40 Trimcontrol - Alexandre Le Gallais
© Jean Marie Liot / Alea

« Sur ces bateaux, tu ne peux pas t’ennuyer »

Tu fais équipe avec Alexandre Le Gallais. Basiquement, quel est votre objectif ?

Si on arrive à aller de l’autre côté, ce sera déjà pas mal ! C’est une belle aventure, il y a des étapes à respecter et cette transatlantique en sera une. Après, il y a du niveau et les prétendants sont nombreux. C’est une classe très éclectique, avec un plateau très sympa entre des purs amateurs, comme mon coskipper, et des marins confirmés à l’instar de Corentin Douguet, Fabien Delahaye… Ce qui est génial, c’est que chacun vient avec sa bonne humeur, sa légèreté et ça en fait une classe où personne se prend la tête. Moi, je m’y sens bien ! 

Que penses-tu de la profusion de candidats à la victoire en Class40 ? 

C’est vrai qu’il y a un plateau très relevé. J’ai cité Corentin et Fabien, je peux aussi parler de Guillaume Pirouelle, de Quentin Le Nabour… C’est une catégorie intermédiaire, où les coûts sont beaucoup moins importants que l’IMOCA. Pourtant, les bateaux sont exigeants et durs à manier. Il ne faut pas oublier qu’on va aussi vite que lorsque j’étais à la barre de PRB en 2000 ! Sur ces bateaux, tu ne peux pas t’ennuyer ! 

Baptême Class40 Trimcontrol - Michel Desjoyeux
© Jean Marie Liot / Alea

Quelle est ton histoire avec la Transat Café l’Or ? 

J’en ai fait cinq mais je n’en ai pas fini tant que ça puisque j’ai abandonné à trois reprises. Et puis il y a eu une victoire aussi. C’était en 2007 avec Emmanuel Le Borgne sur Foncia. On venait de faire une saison aussi étonnante que détonante où on avait quasiment tout gagné. 

Courir en double, ça te plaît ? 

J’aime autant le double que le solitaire et l’équipage. Mais l’avantage du double, c’est d’avoir les avantages de l’équipage sans les contraintes. Tu peux avoir un mode opératoire beaucoup plus souple. Surtout, tu n’as pas à tout gérer comme en solitaire. On peut s’aider aux manœuvres, les prises de décision à deux sont rapides, tu peux adapter ton rythme à la machine et à ton état de forme du moment… C’est vraiment un format de course que j’aime bien. 

Tu restes quelqu’un de très populaire auprès du grand public. Comment le vis-tu ? 

Je navigue avec des gens qui sont nés une ou deux générations après moi donc je peux me fondre dans la masse. Parfois, on me regarde de travers pour savoir si c’est vraiment moi… Mais je pense qu’il faut faire preuve d’humilité et être modeste. On n’a pas la popularité des footballeurs et des rugbymen. La popularité, ça n’a jamais été une motivation. Ce que je veux surtout, c’est d’apprécier pleinement d’être un sportif épanoui et c’est ce que je suis !

 

« L’inverse des réseaux sociaux » 

Quel regard portes-tu sur les skippers d’aujourd’hui ? 

Il y a une professionnalisation de l’activité sportive qui est indéniable. Des skippers gagnent leur vie et on ne peut que s’en réjouir. Si j’avais une seule critique, c’est le fait que certains aient un discours un peu aseptisé, qu’ils aient finalement peu de choses à raconter. Après, je sais que ça fait aussi partie de la façon d’être de la nouvelle génération. Il faut juste que tout le monde puisse y trouver son compte ! 

De ton côté, tu as décidé de prendre le contre-pied des réseaux sociaux…

Oui, j’ai décidé de rassembler un club de fans de la première heure. Ça me permet de partager avec 70, 80 personnes chaque étape du projet, notre préparation, notre progression via un groupe WhatsApp… C’est l’inverse des réseaux sociaux où certains se gargarisent d’avoir des milliers de likes et de followers : on réserve notre parole à un petit nombre de gens, c’est une façon de faire vivre le projet dans une dimension plus réduite et intimiste. 

 

Interview à venir sur YouTube

À bord de TrimControl.