Matthieu Tordeur, tu as de multiples cordes à ton arc, comment pourrait-on définir ton métier ?
La question est toujours un peu compliquée ! Je suis à la fois conférencier, réalisateur de documentaires et surtout un homme de terrain qui parcourt des contrées lointaines comme l'Arctique et l’Antarctique. Le lien entre toutes ces activités, c'est l'aventure, l’exploration, que je mets aujourd’hui au profit de la science et de la sensibilisation. J’aime m'entourer de glaciologues et de scientifiques lorsque je pars, pour en apprendre toujours plus et le partager. J’ai l’impression d’être un peu le témoin ou le porte-parole de ces milieux fragiles qui subissent de plein fouet le dérèglement climatique.
Tu as fait le tour du monde en 4L, tu es le plus jeune explorateur à avoir rallié le pôle Sud à skis, en solitaire et sans ravitaillement. Ces mots rappellent ceux de la course au large. Les skippers et toi auriez-vous des atomes crochus ?
En effet, je crois qu’on se ressemble sur certains points. Les navigateurs se lancent dans des endroits potentiellement dangereux, où l’on est vraiment exposé à la nature dans tout ce qu’elle a de plus brut. Quand tu pars traverser un océan, tu t'en remets aux conditions climatiques, à l'état de la mer, à la force du vent. Et quand tu es explorateur, c'est la même chose. Lorsque j’étais en Antarctique, par exemple, je me suis retrouvé dans un gigantesque désert de glace ouvert aux vents et aux crevasses. Je crois que, explorateurs comme navigateurs, nous avons cette faculté à faire face à l’inconnu, cette capacité à nous adapter à toutes les conditions qui peuvent changer très rapidement. Il faut faire preuve de flexibilité et de confiance en sa préparation.