ALDERAN - 17ème de l’étape 2 en Class40

Mangrove rose Une exploration signée Ifremer

Édition 2025  |  21 novembre 2025 - 11h20
Depuis quelques années, les habitants de Martinique assistent à un spectacle naturel à l’allure aussi intrigante qu'inquiétante : les eaux des mangroves se teintent d’une couleur rose violacée.

Comment expliquer cette coloration ? Est-ce dangereux ? Ces interrogations ont poussé l’Ifremer et des acteurs antillais à initier le projet Madibloom. L’objectif était de comprendre les blooms, « efflorescences de micro-organismes », à l’origine de ces colorations. En Métropole, l’Ifremer avait précédemment développé Phenomer 2.0 [site web Phenomer], une plateforme participative de signalements des eaux rouges, brunes, vertes, mousseuses, etc. Ainsi, les deux projets invitent promeneurs, pêcheurs, plongeurs et plaisanciers, en Baie de Seine comme en Martinique, à signaler par une photographie, une localisation et si besoin un prélèvement pour aider les équipes de l’Ifremer.

Phenomer, l'observatoire participatif des eaux colorées

L’Ifremer a mené le projet Madibloom main dans la main avec des acteurs associatifs scientifiques et institutionnels comme l’Office de l’eau de Martinique ou encore l’Université des Antilles (Laboratoire Biologie de la mangrove, Guadeloupe). Des observations régulières ont été réalisées sur plusieurs zones du littoral, accompagnées de prélèvements d’eau, d’analyses en laboratoire, et de cartographies précises des zones touchées. Ainsi, la richesse du projet réside également dans sa dimension humaine. Très vite, les scientifiques ont compris que les yeux et les savoirs des habitants étaient essentiels. Des associations environnementales, le Parc Naturel Marin de Martinique ainsi que des équipes territoriales ont été mobilisés pour observer, signaler et aider à comprendre les phénomènes d’eaux colorées. De plus, le projet a collaboré avec le Carbet des Sciences [Insérer site web Carbet des sciences], une association de médiation scientifique. Aujourd’hui, la reprise de Madibloom est plébiscitée et l’Ifremer est souvent sollicité pour fournir une expertise sur les eaux martiniquaises qui se colorent régulièrement. En poursuivant les signalements sur la plateforme Phenomer en Martinique, le projet peut développer le même réseau de partenaires que son homologue métropolitain.

Les mangroves roses, qu’est-ce que c’est ?

Les recherches menées dans le cadre de Madibloom ont permis de démystifier le phénomène de la mangrove rose, longtemps perçu comme le résultat d'une pollution chimique. En réalité, cette coloration spectaculaire est due à la prolifération de bactéries pourpres, naturellement présentes dans l’environnement et non pathogènes pour l’homme. Elles se développent dans les eaux stagnantes, très salées, chaudes, appauvries en oxygène et riches en matières organiques. L’un des déclencheurs identifiés en Guadeloupe et en Martinique est la décomposition des sargasses, ces algues brunes qui s’échouent massivement sur les côtes caribéennes. En se dégradant, elles libèrent une quantité importante de matière organique. Madibloom a ainsi permis de documenter pour la première fois ces conditions en Martinique. Le phénomène, bien que temporaire et souvent réversible avec les pluies et les marées hautes qui diluent la salinité, pose question par sa récurrence et son intensité croissante. Ces observations suggèrent une modification progressive des équilibres écologiques côtiers.

Vue aérienne du phénomène de mangroves roses
© Ifremer

Vue aérienne du phénomène de mangroves roses

Prélèvement effectuée dans une mangrove rose
© Ifremer

Prélèvement effectuée dans une mangrove rose