VIABILIS OCEANS

Les fous du volant Ocean Fifty

Ocean Fifty
Édition 2025  |  23 octobre 2025 - 17h00
LES ENJEUX DE LA COURSE (2/4). À bord de ces « kartings des mers », ils sont dix binômes sur la ligne de départ. Le niveau n’en finit plus de progresser et les prétendants à la victoire finale comme au podium sont légion. Mais attention au trop-plein d’engagement : à bord de ces multicoques, les erreurs ne pardonnent pas. Décryptage.

Ils sont alignés au bassin Vauban et font le lien entre les Class40 d’un côté et les ULTIM de l’autre. La quiétude qui règne sur le ponton des Ocean Fifty est trompeuse : elle ne dit rien de l’incroyable vélocité de ces bolides à trois coques. Car en mer, ces bateaux garantissent un sacré spectacle et le plein d’émotions fortes. « C’est un mélange de vitesse, de puissance mais aussi de légèreté, c’est très grisant à bord, s’enthousiasme Anne-Claire Le Berre (UpWind by MerConcept). On vole au-dessus de l’eau, on est plus sensible à l’état de la mer… Ce sont de vrais kartings des mers ! » Erwan Le Draoulec (Lazare x Hellio) ne dit pas autre chose : « on retrouve un paquet de sensations sur ces bateaux magiques, c’est vite incroyable ! » Damien Seguin (Solidaires en peloton), nouveau venu dans la classe, abonde : « il y a de la vitesse, de la simplicité, de la sensibilité et ça engendre beaucoup de plaisir ! » 

WEWISE

« Sportivement, c’est complètement fou » 

Afin de piloter ces engins pour fous du volant, il fallait des skippers de talent et la classe n'en manque pas. L’engouement est palpable dans la classe : alors qu’il n’y avait que trois Ocean Fifty au départ en 2019, six en 2023, ils seront dix sur la ligne de départ cette année. « Petit à petit, on a fait la démonstration que nos bateaux avaient un potentiel de dingue », sourit Thibaut Vauchel-Camus. Erwan Le Roux (Koesio), une des figures de la classe, partage le même enthousiasme : « sportivement, c’est complètement fou. Grâce à l’arrivée de nouveaux skippers, le niveau est de plus en plus haut et la concurrence est sacrément relevée ! » 

Conséquence ? Il semble très difficile de distinguer un favori. « Sur les dix qui prennent le départ, plus de la moitié peut clairement gagner ou être sur le podium, sourit Damien Seguin. Ça va donner un beau spectacle ! »  Les résultats de la saison donnent quelques indications et font pencher la balance pour Matthieu Perraut et Jean-Baptiste Gellée (Inter Invest). Ils ont en effet remporté la Route des Terres Neuvas, la Med Max et la Rolex Fastnet Race.

Lors de la « Fastnet », ils avaient devancé Erwan Le Roux et Audrey Ogereau (Koesio) qui ne manquent pas d’arguments non plus. « On a fait une belle saison, très aboutie et on gagne en maturité, assure Erwan. Tous les voyants sont au vert pour faire un bon résultat ! » Désormais associé à Damien Seguin, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) remet son titre en jeu mais n’y voit aucun avantage : « c’est une autre course, une autre édition, de nouveaux concurrents donc le titre à défendre, je n’y pense pas ! »

LAZARE X HELLIO

Des outsiders en pagaille 

Thibaut préfère évoquer les forces en présence, notamment Edenred avec le duo particulièrement solide entre Emmanuel Le Roch et Basile Bourgnon. « Ce sont de bons marins, ils ont un bon bateau et ils ont gagné leur première course (les 24 Heures Ultimes) », rappelle Thibaut. « Ça redispatche la pression et le jeu pour tout le monde ! » « On a mis à l’eau mi-juillet mais on a beaucoup travaillé pour être prêt », assure Emmanuel. « Malgré sa jeunesse, c’est un bateau fiable qui nous permet d’être sereins », précise Basile. 

Tanguy Le Turquais (Lazare x Hellio) espère lui aussi batailler pour la victoire : « on prend le départ de la TRANSAT CAFÉ L’OR pour gagner ». « Il y a du beau client mais nous avons un très bon bateau » poursuit Erwan Le Draoulec qui ne serait pas contre « avoir aussi la chance du débutant »  Quid des autres bateaux ? « Il y a une différence conséquente entre les bateaux les plus récents et les plus anciens », reconnaît Elodie-Jane Mettraux. La Suissesse classe ainsi son duo avec Anne-Claire Le Berre (Upwind by MerConcept) aux côtés de Wewise (Pierre Quiroga et Gaston Morvan), Viabilis Ocean (Baptiste Hulin et Thomas Rouxel) et Mon Bonnet Rose (Laurent Bourguès et Arnaud Vasseur). « Mais entre nous, il y a du jeu et la bataille s’annonce passionnante », assure Elodie-Jane. 

EDENRED 5

« Le curseur de vigilance est un peu plus haut que chez les autres »

Luke Berry se veut prudent : « la priorité pour nous, c’est d’arriver en face ». Tous ont en effet en tête que sur ces bateaux-là, l’erreur ne pardonne pas. « On sait qu’il y a une ligne rouge à ne pas dépasser sinon c’est le chavirage, poursuit Anne-Claire Le Berre. Ça ajoute une tension nerveuse supplémentaire et ça oblige à être encore plus concentré ». « C’est facile de mettre le parpaing sur l’accélérateur mais le chavirage, c’est le revers de la médaille », assure également Erwan Le Roux. Il y a deux ans, seulement trois des six bateaux en lice étaient allés au bout. 

« Le curseur de vigilance est un peu plus haut que chez les autres, corrobore Thibaut Vauchel-Camus. Il faut apprendre à être encore plus attentif aux marqueurs du ciel ». « C’est le prix à payer pour aller vite sur ces belles machines », poursuit Damien Seguin. « Je trouve ça sympa d’être sur des bateaux où l’on doit avant tout être de bons marins », estime de son côté Erwan Le Draoulec. Et le skipper de Lazare de conclure, avec des accents presque philosophiques : « à bord, on se rend compte qu’on décale doucement le seuil de la peur ». 

INTER INVEST