MAXI BANQUE POPULAIRE XI

Les complices du vent Armel Le Cléac'h et Sébastien Josse

ULTIM
Édition 2025  |  25 octobre 2025 - 10h00
Vainqueurs en ULTIM de la dernière Route du café, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse (Maxi Banque Populaire XI) reprennent le large avec la même recette gagnante : une pincée de stratégie, une bonne dose de complicité et un zeste d’adrénaline. Toujours aussi affûtés, les deux marins comptent bien en découdre avec leurs acolytes de ponton dans une bataille où la stratégie et les choix météo seront désormais concoctés maison.

En 2023, dans la nuit martiniquaise, alors qu’ils n’ont pas encore accosté au ponton, Armel Le Cléac'h souffle à Sébastien Josse : "On repart ensemble dans deux ans ? " Un grand "oui " de la part de son coéquipier. Le duo vient de s’ancrer dans l’histoire de la Route du café.

Interview : Maxi Banque Populaire XI

 

Un tandem taillé pour la victoire 

A les voir aussi complices, les deux navigateurs semblent former la paire depuis des années. Dans la réalité, même s’ils se connaissent depuis plus de 25 ans, Armel Le Cléac'h et Sébastien Josse ne naviguent ensemble que depuis 2023 et la dernière édition de celle qu’on appelait encore la Transat Jacques Vabre. "Avec Sébastien, on a commencé sur le circuit Figaro à peu près en même temps, raconte Armel. Ensuite il est parti naviguer sur les IMOCA, et j’ai rejoint à mon tour le circuit."  Un an plus tôt, Sébastien intégrait déjà l’équipe Banque Populaire pour préparer la Route du Rhum. "Il a amené son expertise au sein du team, poursuit Armel, nos visions sont complémentaires. Il m’ouvre les yeux pour qu’on soit encore meilleurs. Assez naturellement, l’idée de faire du double est devenue une évidence. Peu de marins sont capables de naviguer sur nos machines, dans les conditions qu'on se donne. Avec Séb c’est naturel."

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Depuis le mois de mars, Sébastien Josse endosse aussi le rôle de directeur sportif du team mais pas question pour autant d’arrêter de naviguer. "Ça ne change rien, sourit Sébastien. La priorité reste de faire naviguer Armel et le bateau. Mon nouveau rôle, c'est surtout de constituer l'équipage avec lui et de suivre l'évolution du projet IMOCA avec Loïs. L'équipe est très structurée, il y a des responsables à tous les étages. On est plus sûr de l'échange, de la communication qu'une prise de rôle ou de direction. Le côté positif, c'est que je passe plus de temps avec le team, je suis encore plus au coeur du projet."

Le plaisir savouré du double

Pour les deux navigateurs, ce format double est un savant mélange de solitaire et d’équipage, un réel plus sur ces mastodontes des mers. "C’est du solitaire à deux, estime Armel. Comme lorsqu’on est en équipage, on est rassuré quand on va dormir, on a confiance dans son co-skipper. Les manœuvres se font aussi à deux ce qui les rend plus faciles. Tout est plus aisé en duo, surtout sur ces bateaux-là. Et donc le plaisir est présent du début à la fin de la course." "Du solitaire à deux", le terme est tout trouvé car dans le cockpit, les deux marins se succèdent en permanence dans la bannette. "On va être ensemble, pour les manœuvres et prendre les décisions stratégiques, poursuit Armel, mais, finalement, on va aussi beaucoup se relayer. Quand l’un dort, l'autre est en veille. C'est une confiance aveugle qu’on a construite l’un envers l’autre." Une relation primordiale pour préparer Armel aux épreuves solo. "Quand le bateau navigue, on est toujours à bord, précise Sébastien. La priorité est de continuer à le faire évoluer et de rassurer Armel quand on est en faux solo. Il navigue de manière plus décontractée je pense, ça le prépare à la suite et aux prochaines échéances."

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Du piment dans le café

Nouveaux foils, fin du routage à terre, les données ont changé et apportent cette année un peu de sel à la compétition. "On était arrivé au bout de l'utilisation des foils, explique Sébastien. Avec les nouveaux, le bateau vole plus haut et plus tôt, tout en restant contrôlable dans une mer formée. Mais on ne les a pas encore testés sur une longue distance. On va le découvrir sur cette transat et c’est passionnant."
Autre changement majeur, le routage se fait désormais à bord (règle appliquée uniquement pour les courses en équipage jusque là). 

Si l’ensemble des skippers de la classe maîtrise l’exercice, l’absence de soutien météo à terre laisse place à l’instinct du marin. "Il est possible qu'on soit un peu moins proche de la trace idéale, reconnaît Armel. Il y aura sûrement des imperfections qui se verront plus facilement pour les observateurs expérimentés, mais c’est justement ce qui est intéressant. Cela veut dire que notre résultat sera aussi intimement lié à nos compétences de routeurs et de stratèges. On est en pleine possession de notre destin sur la course." Un exercice impossible en solitaire, tant ces machines exigent une vigilance constante et mettraient les skippers en danger.

 

"Tout le monde a sa chance"

Seule classe à plonger dans l’hémisphère sud, la flotte des ULTIM s’élance pour sa plus longue course de l’année. "Personne n'a fait de navigation de plus de 3 ou 4 jours cette année, commente Armel. Là, on part pour 12 jours de mer. Le parcours est deux fois plus long que la route directe, mais c'est le jeu et on va voir qui arrive à se mettre dans le rythme rapidement." Car le plateau reste compétitif. "Tout le monde a sa chance, analyse Armel. Bien sûr, sur le papier, on est les tenants du titre, SVR a fini deuxième la dernière fois, on a gagné deux courses cette saison, on a peut-être un petit avantage au niveau des bookmakers." Mais le nouvel Actual Ultim 4 (ex-Gitana de Charles Caudrelier) est un bateau redoutable qui a tout gagné ces dernières années. "Tout reste à faire sur l’Atlantique."

Et si les deux marins manquaient encore de motivation, l’accueil "phénoménal" reçu en Martinique lors de leur victoire en 2023 et qui a scellé leur duo, donne incontestablement l’envie de renouveler l’exploit.

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© BPCE / Martin Keruzoré