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Le raz Blanchard, un passage extrême propice aux hydroliennes Une exploration signée Ifremer

Best of course  |  26 octobre 2025 - 17h00
La Manche se rétrécit fortement au niveau de la pointe du Cotentin et les courants de marée sont fortement accélérés dans le raz de Barfleur et le raz Blanchard. Ces passages où les profondeurs sont faibles (moins de 50 mètres) sont redoutés par les skippers pour les états de mer particuliers qu’ils peuvent rencontrer. Les inégalités du fond rocheux créent des remous et des “marmites” favorisant elles aussi une mer “casse bateau”. En fonction de l’heure de passage, il peut être dangereux de s’aventurer dans le raz Blanchard. Des courants contraires de 10 nœuds n’y sont pas rares et lorsqu’ils sont opposés au vent et donc aux vagues ou à la houle du large, les conditions de navigation peuvent être difficiles.
Photographie du raz Blanchard
© Grégory Germain

Photographie du raz Blanchard

Si les skippers tentent de traverser ces zones rapidement, des projets de production d’électricité à partir de la captation de l’énergie des courants prévoient de déployer des hydroliennes pendant des dizaines d’années. A l’instar des marins, ces machines de plusieurs centaines de tonnes seront soumises à des conditions de fonctionnement particulièrement rudes mais prédictibles.

Capteurs, satellites et modèles numériques pour mieux connaitre les courants marins

Les mers sont en mouvement. La Lune et le Soleil provoquent les marées. Ce phénomène parfaitement prédictible sur le long terme est perturbé par le vent qui génère les vagues, et les variations de profondeur présentes au large du Cotentin qui favorisent les mouvements des masses d’eau du fond vers la surface. Les courants marins dans ces zones sont donc particulièrement turbulents et leur connaissance nécessite des investigations particulières.

« Pour bien comprendre les échanges énergétiques présents au raz Blanchard, il est nécessaire de coupler la mesure en mer (bouées et radars de surface, courantomètres) et des modèles numériques afin d’estimer le potentiel énergétique de la zone. Des bassins d’essais permettent de reproduire ces conditions pour étudier le comportement de prototypes afin de mieux connaître leur réaction face à des sollicitations réalistes », souligne Grégory Germain, chercheur en mécanique des fluides à l’Ifremer. 

Pourquoi est-ce important aujourd’hui de mieux connaitre cette dynamique des courants marins ? Car ils sont déterminants pour le dimensionnement des hydroliennes, pour leur implantation et l’évaluation de la quantité d’énergie pouvant être produite. Deux projets de ferme pilote sont aujourd’hui en cours de développement : Normandie Hydroliennes (projet NH1) et HydroQuest (projet FloWatt dont Ifremer est acteur), avec deux types de technologies différents : des hydroliennes tri-pales à axe horizontal pour le premier et des hydroliennes quadri-rotors à axe vertical pour le second.

Modélisation d’hydroliennes de la ferme pilote NH1
© Normandie Hydroliennes

Modélisation d’hydroliennes de la ferme pilote NH1

Modélisation d’hydroliennes de la ferme pilote FloWatt
© HydroQuest

Modélisation d’hydroliennes de la ferme pilote FloWatt

Avec une mise en service prévue en 2028, ces deux projets représentent 29 MW de puissance installée cumulée, soit une production annuelle de 75 GWh d’énergie renouvelable et prédictible, équivalente à la consommation de près de 35 000 habitants lorsque les parcs seront complétement opérationnels.