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La paire vendéenne Boissières-Dutreux

IMOCA
Best of arrivées  •  Édition 2025  |  09 novembre 2025 - 13h24
Ils sont les frères vendéens dans cette course. Benjamin Dutreux et Arnaud Boissières ont fait équipe pour cette 17e TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie et ont terminé hier soir à la neuvième place sur le 4CAD La Mie Câline, l'ancien bateau de Benjamin, mis à l'eau en 2015.

Pour le navigateur basé aux Sables d'Olonne, plus connu sous le nom de « Cali », cette association avec Benjamin Dutreux, souvent sous-estimée, lui a permis d'obtenir son meilleur résultat sur la Route du café, à bord du bateau qui a d'abord été mis à l'eau comme IMOCA d'Alex Thomson, avec lequel il a terminé deuxième du Vendée Globe 2016, et que « Benj » a mené à la 10e place lors de la dernière édition.

Pour Benjamin, il s'agissait de sa dernière course sur ce bateau qu'il cède à Arnaud. Il y avait donc une pointe d'émotion pour le navigateur qui construit actuellement un nouvel IMOCA, et cette arrivée représentait une sorte de triomphe. Un exorcisme mineur aussi pour Cali qui avait perdu son mât lors du dernier Vendée Globe et avait navigué sous gréement de fortune jusqu'à la Martinique.

Les deux marins ont fait une course solide pendant la phase tactique et stratégique dans l'Atlantique, mais ont été dépassés dans les alizés. Cependant, compte tenu de l'âge de leur IMOCA, ils ont bien performé, Dutreux prouvant une fois de plus qu'il a les compétences nécessaires pour obtenir de bons résultats avec un bateau plus ancien.

Propos recueillis à leur arrivée au ponton hier soir : 

Benjamin Dutreux : "Ça a été assez éprouvant. Nous avons essuyé de violentes rafales et de fortes bourrasques depuis 24 heures, donc c'est vrai, ça a été assez dur. Mais c'est bien, ça nous a donné un petit coup de fouet, parce que sinon, nous nous sentions un peu seuls, donc c'était cool."

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© Jean-Marie Liot / Alea

Comment s'est passé votre traversée ?

Arnaud Boissières : "Vraiment super, oui,. Le fait d'avoir navigué ensemble en début de saison a été un énorme avantage, surtout pour moi, car cela m'a permis de me familiariser avec le bateau. Nous nous connaissions déjà, donc nous nous comprenions bien, c'était vraiment génial."

"Revenir en Martinique, c'est spécial pour moi, car la dernière fois que j'étais ici, j'étais censé terminer aux Sables d'Olonne. Mais non, c'était l'objectif. Mon objectif ici était de terminer dans le top 10, et nous l'avons fait. Cela n'a pas été facile, mais pendant longtemps, nous avons été avec le groupe principal, c'était génial."

Benjamin Dutreux : "En fait, nous avons livré une belle bataille jusqu'au Maroc, c'était incroyable, nous nous sommes éclatés, nous nous sommes vraiment poussés les uns les autres. Ensuite, il est vrai que les bateaux plus récents ont pris un départ légèrement meilleur que le nôtre, avec des vitesses impressionnantes, c'était incroyable à voir. Résultat, nous étions un peu découragés dans notre petit coin. Cela ne voulait pas dire pour autant que nous n'essayions pas de pousser le bateau à ses limites, car nous savions aussi qu'il y avait deux bateaux plus récents derrière nous, et qu'ils revenaient à toute vitesse. Nous nous sommes donc dit que si nous voulions les garder derrière nous, nous devions pousser le bateau un peu plus fort. Nous avons alors essayé différentes configurations sur le bateau, c'était génial. Pour moi, c'était ma dernière course transatlantique sur ce bateau. Je suis donc heureux de le ramener dans le top 10 avec Cali cette fois-ci. J'ai passé des années merveilleuses sur ce bateau. C'est donc très émouvant de faire ma dernière course sur ce bateau."

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© Jean-Marie Liot / Alea

Au moment de dire adieu à son bateau

Benjamin Dutreux : "Je pense que cela me rappelle beaucoup de souvenirs. J'avais déjà beaucoup d'images en tête des moments passés à bord. Des moments de joie, mais aussi pas mal de moments difficiles que j'ai vécus avec ce bateau et tout le reste, mais que nous avons surmontés petit à petit avec l'équipe et tout le monde. Pour moi, cela a été une expérience formidable. J'ai passé trois années incroyables avec ce bateau, car il m'a apporté énormément d'expérience. À moi, en tant que marin, mais aussi à toute l'équipe qui m'accompagnait. Et pour cela, je lui suis très reconnaissant. Je suis très heureux qu'il passe entre les mains de Cali, car cela signifie que je pourrai voir le bateau régulièrement. J'essaie déjà de négocier quelques sorties en mer supplémentaires."

Arnaud Boissières : "C'est toute l'essence du projet. Quand j'ai abandonné après le dernier Vendée Globe, je voulais continuer, sans vraiment continuer, je voulais marquer un tournant. Je cherchais donc un bateau et un projet intéressants. Un bateau, évidemment, plus performant, avec une approche plus agressive. Et c'est ce que j'ai trouvé à la fois dans le bateau et chez Benjamin. Je pense que nos trajectoires étaient très, très proches. Et c'est ce que je voulais. Je voulais vraiment rebondir de manière spectaculaire pour repartir de plus belle. Et le bateau, Benjamin et l'équipe qui l'entoure correspondent parfaitement à ce que je veux faire. Je pense donc que c'est le début d'une grande aventure. Je pense en tout cas que c'est un bon début."

Benjamin Dutreux :  "Pour notre part, on est heureux de tourner la page. Et puis, Cali en ouvre une nouvelle. En plus de cela, une belle amitié est en train de naître. C'est génial, vous savez."

Arnaud Boissières : "Il n'y a pas de mogette (ndlr : spécialité culinaire vendéenne à base de haricots blancs), il n'y a pas de bière."

Benjamin Dutreux :  "Il y a quand même de la bière, si tu veux. Parce que Cali a promis à une jeune femme normande avant notre départ qu'il emporterait une bière avec nous et la ferait traverser l'Atlantique pour elle. Et donc, nous avons une bière qui était juste devant nous pendant tout le voyage et qui a traversé l'Atlantique avec nous. En revanche, ça sent un peu les mogettes frelatées à l'arrière du bateau."

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© Jean-Marie Liot / Alea