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Game of boats

Class40
Best of course  •  Édition 2025  |  14 novembre 2025 - 17h14
Dans un finish survolté, les Class40 s’arrachent chaque mille dans un mano a mano haletant. Épuisés mais inflexibles, les duos se livrent une bataille millimétrée. Rien n’est joué : la victoire pourrait encore se décider à la minute près en Martinique.

Après 19 jours à tirer sur les voiles et sur les nerfs, les équipages accusent une certaine fatigue à bord de leurs 40 pieds, mais ni leur moral ni leur rage de gagner ne faiblissent. Sur l’Atlantique, le duel nord-sud s’embrase encore et le verdict final reste aussi incertain qu’explosif.

Un duel au sommet des alizés

Depuis 24h, SEAFRIGO - SOGESTRAN a pris la tête du classement, sans pour autant crier victoire. "Ça va se jouer vraiment dans les derniers jours", expliquait ce matin Cédric Chateau à la vacation. "C'est difficile de savoir qui va passer devant car, selon les routages, on devrait recroiser 5 ou 10 milles devant eux." Le souci pour Cédric, c’est que SNSM FAITES UN DON ! semble aller plus vite que les routages, "notre petit matelas d'avance est en train de fondre." A cela s’ajoute une nuit assez mouvementée pour le duo qui a enchainé une dizaine d’empannages pour slalomer entre les grains jusqu’au petit matin.

Plus au nord, Corentin Douguet profite d’une orientation du vent plus favorable "La mer est plate. C'est plutôt de la glisse." Le skipper de SNSM FAITES UN DON ! relativise la deuxième place provisoire au classement qu’il occupe avec Axel Tréhin. "A priori, on est sur une route un peu plus directe", expliquait Corentin à la vacation. "Le paquet du sud est passé par les Canaries et a maintenant le vent un peu dans l'axe pour aller aux Antilles. Ils sont obligés de tirer des bords, alors que nous on a le vent avec un angle qui permet quasiment d’aller tout droit vers les Antilles."

Si le finish s’annonce plus que serré, rappelons que SNSM FAITES UN DON ! Et SEAFRIGO - SOGESTRAN sont arrivés respectivement premier et deuxième à La Corogne lors de la première manche avec seulement 21 minutes d’écart. Quelques précieuses minutes qui pourraient fortement peser dans la balance dans la baie de Fort-de-France.

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© Team

Deux invités surprises

Au-delà de la compétition, la vacation de ce matin a permis d’avoir également quelques éclaircissements quant à ce phénomène lumineux intriguant qu’Axel Tréhin et Corentin Douguet ont capturé cette nuit. Entre deux attaques de poissons volants, le duo a eu le temps d’admirer une pluie de petites boules de feu au loin et même d’immortaliser le moment. Trop lente pour être une étoile filante, Corentin pense davantage à une météorite, "il faudrait demander à la NASA", plaisante le skipper avant d’avancer une autre théorie "à moins que ce soit des envahisseurs venus d'une autre planète. On le saura vite si c’est le cas."

Vidéo de la météorite par Axel Tréhin 

Et cette météorite n’est pas la seule invitée de la nuit, les sargasses ont également fait leur apparition. "Ces algues présentes dans le sud-ouest de l'Atlantique Nord sont maintenant visibles à perte de vue", écrivait ce matin l’équipage de Vogue avec un Crohn. "Elles s'amassent en immenses plaques flottant à la surface de l’eau parfois sur des kilomètres. Elles se coincent dans la quille, les safrans et ralentissent notre progression déjà pénible avec ces vents instables. A défaut de pouvoir les éviter, nous scrutons en permanence la caméra de quille et essayons d'évaluer à partir de quelle densité il faut effectuer une marche arrière pour les retirer."

La vie est loin d’être un long océan tranquille, excepté pour un équipage qui avait une énergie débordante au téléphone ce matin.

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© Team

ENGIE branché sur 100 000 volts

"Avec le soleil on a plein d’énergie, nos panneaux solaires aussi ! On fait de supers surfs dans les alizés. Il y a un peu de sargasse mais franchement là c'est génial", raconte Axelle Pillain avec un sourire qu’on devine bien au-delà des oreilles. Le duo 100 % féminin de Cap pour Elles savoure au-delà de leurs espérances cette TRANSAT CAFÉ L’OR et adore se mesurer aux concurrents qui les entourent. "On compare tout le temps nos routes, nos vitesses, si on se rapproche, si on s’éloigne" détaille Axelle. "Là, on regarde si on peut passer devant Pep ou pas (VSF). Le nord, le sud, je sais pas encore qui va réussir à passer devant. On fera les comptes à la fin en Martinique."

Une chose est sûre, les filles ne veulent pas se mettre la pression. "Sur la route, qui nous fait le plus peur ? Personne ne nous fait peur. On navigue décomplexé. Notre but, c'est d'arriver avec la meilleure place possible. On n'a rien à perdre et tout à gagner." Et d’ajouter ironiquement au sujet de Vincent Riou et Michel Desjoyeaux, deux vainqueurs du Vendée Globe, proches d’elles : "C’est nous qui leur mettons la pression. Il faudrait leur demander si on leur fait peur."
 

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© Team