Entre frissons et alizés coups de coeur et coups durs

LE FAIT DU JOUR : Tous aux abris

36 Class40 sur 42 sont arrivés en sécurité au port de La Corogne en Espagne. 
Sur les six bateaux encore en mer, cinq cherchent à se mettre à l’abri dans le golfe de Gascogne. Seul Martinique Horizon fait de la résistance et tente de rallier La Corogne en longeant consciencieusement la côte espagnole malgré un vent qui s’est nettement renforcé.

Sur les pontons, l’ambiance est tout autre : ça tape, ça visse, ça frotte. Ces heures de répit permettent aux équipages d’effectuer quelques réparations, à l’image de Maxime Bensa, juché en haut du mât de Vogue avec un Crohn pour remettre en état les aériens, sous le regard de son coéquipier Pierre-Louis Attwell, qui résume bien la situation : "une TRANSAT CAFÉ L’OR surprenante."

Si certains étaient encore dubitatifs quant à cet arrêt obligatoire, les quatre nuits mouvementées de cette première étape ont fini de les convaincre du bien-fondé de la décision. Pierre Brasseur, occupé à réparer un safran endommagé, peu avant son arrivée sur son Inland Roots Ocean Soul, parle même d’un "bel échauffement" pour la suite.

En attendant un possible nouveau départ samedi à la mi-journée, les skippers planchent sur la météo et le meilleur chemin vers la Martinique.

AU TOP : les Ocean Fifty en mode char à voile

La journée a été animée parmi les multicoques ! Grâce à une belle remontée du Le Rire Médecin - Lamotte et de Viabilis Oceans, désormais à portée de vue de Solidaires en Peloton, la course a pris des airs de régate.

"On est revenu dans le paquet !" Sourit Luke Berry (Le Rire Médecin - Lamotte). "Une nouvelle ligne de départ aux Canaries, c’est une nouvelle course."

Une nouvelle course, en effet, avec pour objectif : la chasse aux bizuths en multicoque d’Edenred. A la barre de Wewise, Gaston Morvan prévient ses camarades : "Mon petit Basile, mon petit Manu, vous avez pris la poudre d’escampette en allant au Maroc hier. Bien joué, le point est pour vous mais la guerre n’est pas finie !"

Pendant ce temps, Emmanuel Roch et Basile Bourgnon (Edenred 5) filent déjà vers les alizés, sous un ciel étoilé et dans une chaleur réconfortante.

COUP DE COEUR : deux Vendéens sur un bateau

Chaque vacation a sa saveur et celle de Benjamin Dutreux et Arnaud Boissières (4CAD - La Mie Câline) ce midi respirait la bonne humeur et une certaine spécialité vendéenne.

"Deux Vendéens dans un bateau, ça fait quoi ?" "Des mogettes ! Je suis très pragmatique" (ndlr : haricot blanc vendéen).

Chambrage obligatoire à bord de l’IMOCA entre les deux complices qui naviguent dans le top 10 et comptent bien "acheter du terrain" même si "le chiffre on s’en fiche, l’important c’est d’être au contact des bons bateaux."

3’33 de régalade à écouter comme une chronique humoristique.

COUP DUR : serrer les fesses

Cette dépression au cœur des préoccupations et des discussions depuis plusieurs jours, deux IMOCA l’ont traversée. Cette fin d’après-midi, Yoann Richomme et Corentin Horeau (Paprec Arkéa) en sont sortis sans trop de bobos. "On est dans la bonne direction et tout s’est bien passé. On a pris quelques rafales au-dessus de 40 nœuds, une à 48 mais globalement ça s’est bien passé."

Conrad Colman et Mathieu Blanchard (MSIG Europe) devraient eux aussi en voir le bout même si la nuit s’annonce encore tendue.

LE POINT SUR LA SUITE : alizés en vue

Chez les ULTIM, SVR-Lazartigue a trouvé le graal des alizés et file à vive allure. "Les autres n’ont pas eu la même chance que nous pendant la nuit, ils n’ont pas pu attraper le vent, donc on creuse l’écart." raconte Franck Cammas. Un élastique qui continue de s’étendre avec le Maxi Banque Populaire XI, bloqué par un énorme nuage la nuit dernière, qui les a beaucoup ralentis.

Les Ocean Fifty devraient eux aussi d’ici quelques heures toucher ce précieux vent du sud. "Rien n’est fait !" explique ce soir Francis Le Goff, directeur de course. "Le passage ajouté pour rallonger leur parcours (ndlr : suite au départ anticipé) remet de l’intérêt dans leur course quand on observe ce regroupement." Un passage par les Canaries digne d’une régate qui promet encore bien des surprises.

Côté IMOCA, on prend son mal en patience avec des vents plus faibles, peu propices aux vitesses élevées. Un break qui devrait durer 48h où la stratégie pour attraper une risée comptera davantage et pourrait permettre à certains bateaux, en arrière de flotte, de revenir.

LA PHRASE DU JOUR : l’amour comme boussole

Jérôme Delire au sujet de sa compagne Caroline Dieu, après avoir perdu une voile importante à bord de Innovad.Group – XLG :

"Ce sont des situations plus faciles à gérer quand on est à côté de la personne qu’on aime parce que son soutien est instantané. Même si on a craqué, on essaie surtout de se tirer vers le haut mutuellement. C’est ça qui est encore plus beau, surtout dans ce genre d’aventures."