Elodie Bonafous

Élodie Bonafous La jeunesse a un incroyable talent

IMOCA
Édition 2025  |  21 octobre 2025 - 14h30
HISTOIRE DE DUOS. À 30 ans, celle qui s’est aguerrie en Figaro s’est jetée dans le grand bain de l’IMOCA. Et depuis la mise à l’eau d’Association Petits Princes – Quéguiner, elle réalise un quasi sans-faute. Associée à l’expérimenté Yann Eliès, elle s’élance à la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie avec une grande soif d’apprentissage et sans rien s’interdire.

L’interview a lieu au téléphone, quelques jours avant l'ouverture du village au Havre. Élodie Bonafous raconte les derniers mois avec un ton enjoué malgré une voix légèrement faible et enrouée. Ce n’est que passager bien sûr et c’est surtout la seule ombre au tableau. Car pour le reste, la toute juste trentenaire réalise une entrée en matière exceptionnelle en IMOCA. Moins de six mois après la mise à l’eau d’Association Petits Princes – Quéguiner, elle débute la compétition en équipage. Et ça détonne : en juin, elle bataille pour la victoire avec Macif Santé Prévoyance à la Course des Caps autour des îles britanniques. Une poignée de semaines plus tard, après une sacrée bataille, elle remporte la mythique Rolex Fastnet Race, là encore en équipage. « C’est sûr que pour l’instant, le bilan est hyper positif, reconnaît-elle. On ne s’était pas fixé d’objectif en matière de résultat mais c’est vrai qu’on ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi bien ». 

Interview : Association Petits Princes – Quéguiner

Elodie Bonafous

« Tout de suite focalisée sur le sportif »

Pour l’expliquer, Élodie évoque « une combinaison de choix ». Le premier, c’est le bateau. Il s’agit en effet d’un « sistership » (un bateau jumeau) de MACIF Santé Prévoyance, l’IMOCA conçu par Guillaume Verdier avec lequel Charlie Dalin a remporté le dernier Vendée Globe. « C’est en même temps rassurant et un peu intimidant parce que ça prouve que ce bateau est un excellent outil », disait Élodie. « C’est le ‘sistership’ d’un des meilleurs bateaux de la précédente génération, abonde Yann Eliès, son coskipper. MerConcept (en charge du chantier) l’a livré clé en main ce qui a permis à Élodie de passer la case fiabilisation et d’être tout de suite focalisée sur le sportif ». 

Autre facteur de réussite, l’atmosphère de travail insufflé par Élodie. Elle se félicite que « tout soit fluide », qu’il n’y « ait pas de caillou dans l’engrenage ». La navigatrice évoque la cohésion de l’équipe technique et l’apport précieux des navigants en début de saison. « Nous sommes tous alignés sur nos objectifs, sur ce qu’on veut faire et tout est clair sur le rôle de chacun », poursuit Élodie.

Yann Elies

Déjà impressionnante en Figaro 

« Sa façon de penser et de construire le projet avec son sponsor est très intelligente », explique Yann Eliès. Il salue son caractère de « dur au mal » au large et loue ses qualités de skippeuse accomplie. Élodie a en effet fait ses gammes en Figaro, « l’école du large », celle par laquelle sont passés les meilleurs skippers du moment. En trois saisons, celle qui a été lauréate du « Challenge Océane Bretagne-CMB » progresse à une vitesse folle. À la Solitaire du Figaro, elle termine 25e (2020), 12e (2021) avant de finir 8e (2022). Surtout elle devient la 2e femme de l’histoire de la course à monter sur le podium d’une étape. On loue déjà son talent, elle navigue avec François Gabart sur SVR-Lazartigue et elle peut désormais rêver en grand d’IMOCA. 
 

Elodie Bonafous

Pourtant, il y a beaucoup d’humilité dans les mots d’Élodie. Cette TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie ne sera que sa 2e transatlantique (elle a participé à la Transat en double en 2021). Elle reconnaît « ne pas être habituée à un événement d’une telle ampleur », évoque le village, le stress avant de partir et « la notion d’inconnu ». Néanmoins, hors de question de se laisser perturber par ce qu’elle appelle « cette petite pression ». « Le but, c’est d’être capable de mener le bateau correctement jusqu’à l’arrivée et réussir à être dans le match », poursuit-elle. Si elle y parvient avec Yann Eliès, nul doute qu’Élodie pourra goûter à nouveau à une belle habitude : celle de pointer aux avant-postes de la course.

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