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Do you speak english ?

Best of course  •  Édition 2025  |  05 novembre 2025 - 17h25
Anglais, allemand, français, japonais... Sur la TRANSAT CAFÉ L'OR Le Havre Normandie, les 14 nationalités en course transforment les cockpits en tours de Babel flottantes. La communication devient un art en soi. Au-delà des mots, une autre langue se parle aussi à bord : celle des regards, des gestes et de la transmission entre générations.

Au fil des vacations radios, les duos se relaient au téléphone selon le marin de quart. Un "Bonjour" ou un "hello" au bout du fil permet de savoir quelle langue employer. Mais à bord, comment communique-t-on quand les langues maternelles diffèrent ? Réponse avec quelques équipages binationaux.

 

LV1, LV2, LV3 … à chacun sa langue

Cette édition, la TRANSAT CAFÉ L’OR compte 14 nationalités différentes. Certains équipages sont donc devenus polyglottes à l’image de Fabrice Amédéo et son co-skipper allemand Andreas Baden, avec qui il avait déjà fait équipe lors de l’édition 2023. "Tout est fluide à bord, on s'entend très bien, on manœuvre bien", raconte le skipper de FDJ UNITED - WEWISE. "On parle principalement en anglais, un peu en allemand et un peu en français." Vivre ensemble 24 heures sur 24 durant la traversée permet indéniablement d’approfondir ses connaissances en langues étrangères. "Andreas veut persévérer dans la course au large, ça lui tient à cœur de se mettre au français. Il a bien progressé depuis deux ans", constate Fabrice. Lui-même, ayant appris l’allemand à l’école, avoue avoir "tout perdu" mais au contact de son équipier "ça revient, j'ai beaucoup de plaisir aussi à parler un peu allemand".

A bord de FIVES GROUP - LANTANA ENVIRONNEMENT, le duo franco-japonais a une autre méthode : le "franglais". Il faut dire que le vocabulaire marin, souvent anglo-saxon, se prête parfaitement à ce mélange linguistique. "L’anglais international est une langue que tout le monde peut comprendre", explique Louis Duc. C’est plutôt "smooth", concède de son côté le tchèque Milan Kolacek. Si l’anglais est majoritairement utilisé à bord de INLAND ROOTS OCEAN SOUL, "lorsqu’on rentre dans le dur, on mélange les deux langues", plaisante le skipper. Au-delà des mots, le langage du corps facilite aussi la communication. "Avec Masa, on se comprend avec les mains, les expressions de nos visages", raconte Louis Duc. "Un simple trait de visage permet de savoir ce que l’autre veut dire."

TCO25 Portrait Fives Group - Lantana Environnement

La transmission de savoirs

L’apprentissage de la langue ne constitue pas la seule transmission qui s’opère à bord des bateaux. Masa Suzuki a fait son entrée sur le circuit IMOCA et compte bien engranger de l’expérience auprès du Caennais. "Il apprend très vite, il pourrait prendre le bateau au retour, il n’a plus besoin de moi", sourit Louis Duc. "Masa n’est pas avare de regarder comment on fait. On n’a pas toujours les mêmes façons de faire mais il aime bien regarder et comprendre sans juger la méthode. Il l’adapte ensuite à sa manière."

Sur la course, nombreux sont les concurrents qui choisissent également de partager leur savoir avec la jeune génération. Sur Initiatives Cœur, malgré "une différence d’âge" avec Violette Dorange, pour Samantha Davies, lorsqu’il s’agit de naviguer, "on ne s’en soucie pas du tout." Apprendre demande du temps, surtout lorsqu’il s’agit de maîtriser les bateaux à foils. "On prend le temps de bien faire les manœuvres", explique Samantha. "Violette commence tout juste à naviguer sur ce bateau et il y a des moments clés, notamment dans les conditions difficiles, où la communication est importante et entre nous ça marche bien."

Au-delà des barrières linguistiques, finalement une langue commune unit tous ces marins : celle de la mer.

INITIATIVES_COEUR