TCO25_Engie_C40_1911JLC_6391

Deux étoiles sur l’Atlantique

Class40
Best of arrivées  •  Cap pour Elles avec Engie  •  Édition 2025  |  20 novembre 2025 - 06h09
Lauréate de la bourse Cap pour Elles avec ENGIE, Aina Bauza et Axelle Pillain finissent brillamment à la 20e place au classement général (avant jury) de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Un duo solaire qui, par sa bonne humeur et sa motivation, a su trouver les clés pour performer dès leur première transatlantique en compétition.

Sur les notes de "Unstoppable" de Sia, bande-son idéale de ce duo, Aina Bauza et Axelle Pillain bouclent leur première TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie en 21 jours, 10 heures, 28 minutes et 45 secondes de course. Le tandem 100 % féminin s’est montré à la hauteur grâce à son talent et une alchimie évidente.

Une course "intense en émotions"

"Grande" (en espagnol dans la voix) pour Aina, "intense en émotions" pour Axelle : les deux jeunes navigatrices ont encore des étoiles plein les yeux lorsqu’il s’agit de refaire le fil de cette transatlantique devant leur premier repas terrestre. Parties de Normandie il y a 3 semaines, elles ont presque du mal à s’en souvenir. "C’était une autre vie, plaisante Axelle, cela me semble tellement loin. Quand on a quitté Le Havre, c’était la tempête, c’était costaud." "Le début était dur", ajoute Aina. "Mais le bateau marchait bien. Après La Corogne, j’ai vu la météo et là je me suis dit : mince, ça va être dur." Il a fallu serrer les dents. "Cette nuit, je pense que je m’en souviendrai toute ma vie", raconte Axelle. "Il y avait des éclairs dans tous les sens et la lune éclairait les gros nuages."

Reste à choisir la route, après quelques hésitations "mi-sud mi-raisin", le duo plonge vers les alizés. "On n’avait pas envie que notre transat se fasse front après front en choisissant le nord", poursuit Axelle. "Et on s’est demandé aussi : est-on capable de le faire ? Est-ce que le bateau en est capable aussi ? C'était une décision à la fois rationnelle et humaine."

TCO25_Engie_C40_1911JLC_6408
© Jean-Louis Carli / Alea

L’art de grandir sur l’océan

Jour après jour, le binôme grandit, trouve ses marques et apprend à se connaitre. "On s’est toujours soutenue l’une l’autre, moralement, car la course était longue quand même", confie Axelle. Face aux fichiers météo et aux nombreux routages dont elle raffole, les décisions se prennent à deux et s’assument ensemble. Axelle en a d’ailleurs tiré une leçon : "prendre son temps et croire à ses options." Mais il faut aussi savoir jouer avec ses concurrents dans une "course très compétitive" selon Aina, "avec des bateaux qui vont très vite. Il faut se battre à chaque mille pour rester devant." Et cette bataille, elles l’ont menée jusque dans la baie de Fort-de-France alors que Pamela Lee (#Empowher), qui naviguait sous les couleurs de Cap pour Elles il y a deux ans, les nargue au loin. "On voyait leur Spi à l’horizon qui venait vers nous mais on s’est dit : c’est pas grave, on y va quand même", relate Axelle tout sourire et fière, "c’est ça qui rend la course si belle." Une audace qui paie puisqu’elles franchissent la ligne devant #Empowher, à 13 heures, 21 minutes et 22 secondes, ravies d’être en Martinique et d’être "à cette place inattendue."

TCO25_Engie_C40_1911JLC_6439
© Jean-Louis Carli / Alea

Cap pour Elles : vivier de talents

Pour sa troisième édition, le projet Cap pour Elles avec ENGIE confirme que les femmes ont définitivement leur place dans la course au large s’il était encore utile de le prouver. Pamela Lee, lauréate 2023, arrivée juste derrière le duo, salue leur performance : "je suis triste d’être derrière elles mais je suis contente de voir que le programme grandit chaque année et les filles ont fait une belle course avec un bon bateau." Pour autant, construire le projet n’est pas un long fleuve tranquille. "Il ne faut pas cacher les difficultés", précise Gildas Gauthier, co-directeur général de la TRANSAT CAFÉ L’OR. "Il y a eu des doutes sur la capacité à boucler le budget dans les temps malgré le soutien de Engie et de l’organisation. Mais ce programme leur apporte aussi une visibilité qu’un projet Class40 n’a pas normalement. Et c’est ce qui permet de rebondir et de trouver des sponsors."

Si Pamela Lee a depuis lancé son projet en Class40, Aina et Axelle se voient pour l’instant poursuivre plutôt en duo ou en équipage. "Je veux continuer de naviguer, c’est sûr", affirme Aina. "Mais pour le moment, je préfère naviguer en équipage et apprendre de personnes plus expérimentées." Axelle, elle, rêve de Route du Rhum mais s’interroge encore : "est-ce que j'ai envie d'être seule ? Je dis toujours qu’il me manque des gens à bord. J’aime bien parler, rigoler et partager, alors cette question est fondamentale pour la suite." Mais l’heure n’est pas encore à trouver des réponses, il est temps de savourer cette entrecôte et cette daurade après une course épique qui va sans nul doute leur servir de tremplin pour la suite de leur carrière.

TCO25_Engie_C40_1911JLC_6436
© Jean-Louis Carli / Alea