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Des villages vacances pour animaux marins Une exploration signée Ifremer

Best of course  •  Édition 2025  |  03 novembre 2025 - 11h35
Le Cap-Vert, archipel isolé de l’Atlantique tropical, est à la fois un trésor naturel et un terrain de recherche exceptionnel. Sa biodiversité marine est unique par les espèces locales. Cependant, celles-ci sont vulnérables aux espèces non-indigènes introduites via les coques de bateaux ou les eaux de ballast. Outre les centaines de navires de commerce et de plaisance qui fréquentent le port de Mindelo chaque année, le Cap-Vert voit passer au large les Ultim, les Ocean Fifty et les Imoca de la TRANSAT CAFÉ L'OR Le Havre Normandie. L’augmentation du trafic maritime disperse involontairement des organismes marins exotiques et parfois invasifs.

Ainsi, naît le projet Biodiverde, porté par l’Ifremer et l’Université Technique de l’Atlantique pour comprendre et alerter comment ces espèces venues d’ailleurs s’installent dans les ports, dérèglent les écosystèmes. L’ambition est de mieux connaître et protéger la biodiversité unique de l'archipel.

Pour observer cette faune invisible, les équipes scientifiques ont installé au fond de l’eau de curieux modules, sortes de nichoirs pour invertébrés marins qui inviteront ensuite poissons et crustacés. Ils imitent un habitat artificiel en empilant des plaques horizontales sur une structure verticale où se fixent les organismes : coraux, éponges ou encore bryozoaires. Ceux-ci accueilleront ensuite d’autres espèces fixes comme de petits poissons, des crustacés ou des mollusques. En deux ans, cinq stations ont été équipées autour des îles de São Vicente et Santo Antão. Ces habitats ont été immergés de la marina de Mindelo jusqu'au site naturel de Ninho do Guincho, pendant neuf mois. Après leur récupération, les organismes des structures sont prélevés et identifiés morphologiquement et génétiquement, puis catalogués. L'ensemble fournit un instantané de la biodiversité locale, riche et surprenante. Parmi les espèces notables figurent des ascidies abritant des crevettes claqueuses, des langoustes ou bien des juvéniles de poulpe.

Biodiverde repose sur une collaboration étroite entre l’Ifremer et les chercheurs de Mindelo, spécialistes de l’écologie cap-verdienne et les membres de l’ONG Biosfera I, très active dans la dimension de sensibilisation auprès des habitants et des professionnels. Ils participent aux plongées, à la pose, et à la récupération des dispositifs expérimentaux, ainsi qu’aux analyses scientifiques et aux traitements des données. Aujourd’hui, le Cap-Vert est un laboratoire exemplaire pour construire des solutions adaptées et durables comme la création d’une molécule naturelle à intégrer dans la peinture des bateaux pour stopper la diffusion d’espèces exotiques.