BD-TCO25_Decarbonization_ENSM_2110JLC_812.JPG

Décarbonation, un nouveau souffle

Édition 2025  |  21 octobre 2025 - 17h00
Se déplacer sur l’eau grâce à la seule force du vent : la course au large en fait la démonstration à chaque compétition. Cette maîtrise du vent inspire aujourd’hui le monde du transport maritime, qui revient peu à peu, avec la navigation vélique, à un mode de propulsion décarboné pour transporter les marchandises à travers les mers du globe.

Avec une vue imprenable sur les ULTIM amarrés au bassin de l’Eure, l’Ecole Nationale de Supérieure Maritime a accueilli ce matin deux tables rondes autour du transport maritime décarboné. 

Décarboner la mer : un défi collectif

Le constat est unanime : face à l’urgence climatique, il faut innover dans le transport maritime tout en repensant nos modes de consommation à grande échelle. "Le transport maritime est partout autour de nous", explique Guillaume Le Grand, cofondateur et président de TOWT dont le voilier-cargo Artemis accostera au village du Havre en fin de semaine. "Le transport de marchandises, c’est la veste sur votre chaise, c’est le micro dans ma main, c’est le siège où vous êtes assis."

ENSM CAP SUR LA DECARBONATION

Pour Gaëtan Monnier, directeur de la branche mobilité de l’IFP Énergies, la transition énergétique ne se fera pas du jour au lendemain, mais elle doit être anticipée et organisée, quel qu’en soit le coût. "Oui la décarbonation coûte cher, expose l’ingénieur, mais ce prix sera toujours inférieur à l’inaction, et les richesses de la Terre ne sont pas inépuisables." 

Le groupe CMA CGM, premier transporteur maritime français, illustre ce virage industriel. "La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas, reconnaît François Comby, Sustainability CMA CGM. C’est pourquoi nous travaillons à l’optimisation de nos navires." L’entreprise prévoit d’ici 2029 une flotte de 162 bateaux capables d’utiliser du biométhane, du biométhanol et du e-fuel, dans une logique de réduction progressive des émissions.

Quand le vent reprend la barre

"Le vent est utilisé depuis des centaines d’années, constate Antoine Jarry-Lacombe, chef de projet mobilité maritime MerConcept. Il est gratuit mais on a cessé de l’utiliser pour la marine marchande. En revanche, on a continué à progresser techniquement sur le sujet au sein des courses au large et chez les plaisanciers." 

ENSM CAP SUR LA DECARBONATION

Ce qui relevait autrefois du folklore redevient aujourd’hui une solution industrielle crédible. "Le vélique n’est pas une solution clé en main mais il évolue, indique Guillaume Le Grand, cofondateur et président de TOWT. N’attendons pas de lui que la décarbonation. Le transport maritime à la voile met aussi en avant de nouveaux modes de consommation, de nouveaux types de formations."

Pour Michel Desjoyeaux qui a conclu cet échange, nous sommes au départ d’une révolution dans le monde maritime et "on a faim" crie le skipper. "Nous n’avons pas encore trouvé la solution idéale mais des pistes sérieuses existent. Nous ne sommes qu’une goutte d’eau dans cet univers, mais si on n’essaie pas, on n’y arrivera pas."