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Comment être forts à deux ?

Départs  •  Édition 2025  |  17 octobre 2025 - 12h00
Il s’agit d’une des clés pour performer. Dans ce sprint au cœur de l’Atlantique, le lien entre les deux skippers est primordial. Répartition des tâches, complémentarité, écoute… Chaque paramètre compte pour résister à la répétition des efforts et tout donner.

La TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie s’est imposée comme le rendez-vous majeur du double en course au large. Alors que la première édition s’était déroulée en solitaire (1993), elle fait la part belle aux binômes depuis 1995. Une particularité qui est très appréciée par les skippers alors que la prochaine saison sera essentiellement en solitaire. Mais afin d’être performant, il ne suffit pas uniquement d’attirer un bon marin pour constituer un binôme. 

La sacro-sainte complémentarité

Justine Mettraux (Team Snef – Teamwork, IMOCA), qui est associée à Xavier Macaire, évoque les aspects nécessaires : « il est important qu’il y ait une bonne communication, qu’on se fasse confiance, qu’on puisse se fier à l’autre en toutes circonstances ». Et elle ajoute qu’un bon binôme « doit surtout faire preuve d’une bonne complémentarité ». La complémentarité, c’est le mot qui revient à chaque fois quand on évoque la réussite des duos auprès des skippers. 

À bord de Team Snef-Teamwork, Justine est ainsi davantage focalisée sur la marche du bateau alors que Xavier se charge plus de la stratégie. Sur Alderan (Class40), Sasha Lanièce s’occupe plus de la météo, Susann Beucke de la tactique. Les tâches sont également réparties à bord du Maxi Banque Populaire XI, entre Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse, tenant du titre en ULTIM. « Je serais un peu plus focalisé sur la gestion de la météo et la stratégie alors que Sébastien sera plus préposé à la performance », explique Armel. Il tient néanmoins à ajouter : « après, nous faisons pas mal de choses ensemble, notamment sur les manœuvres ». 

À bord de Teamwork - TeamSnef

« Un bon co-skipper comble les points faibles de l’autre »

« On dit souvent que le double, c’est deux solitaires à bord mais dans les faits, surtout en multicoque, il faut souvent que les deux soient mobilisés, un aux manettes et l’autre à la météo par exemple, poursuit Anne-Claire Le Berre (Upwind by MerConcept, Ocean Fifty) qui fait équipe avec Élodie-Jane Mettraux. L’habitacle est très restreint et cosy donc ça facilite les échanges pour prendre des décisions ! » En monocoque, la notion de « faux solo » est légèrement plus affirmée. En somme, quand l’un va se reposer, l’autre donne tout. « On fait des quarts d’1 h 30 à 2 heures pour que le bateau se rapproche le plus possible du 100% de son potentiel, souligne Achille Nebout (Amarris, Class40). Donc il faut savoir tout faire ! »

« Nous, on prend les décisions ensemble mais on essaie d'apprendre beaucoup l'une de l'autre", confie Sasha Lanièce (Alderan, Class40).  « En course au large, tu es obligé d’être le plus polyvalent possible mais il y a des domaines où tu es moins fort, décrypte Vincent Riou (Pierreval- Fondation GoodPlanet, Class40). Ce qui compte en double, c’est justement qu’il y ait le moins de trous dans la raquette ». Une analyse que corrobore Yann Eliès, qui a rejoint Élodie Bonafous (Association des Petits Princes - Queguiner, IMOCA) : « un bon co-skipper comble les points faibles de l’autre, lui permet de progresser et de monter le curseur ». Il convient donc au préalable « d’identifier ses failles » avec lucidité. « C’est sûr qu’il faut savoir mettre son égo de côté, sourit Vincent Riou. Mais l’ego, ça n’a pas de place sur un bateau, c’est un frein à la performance. Il faut l’effacer le plus possible et laisser chacun donner le meilleur de soi ». 

À bord d'Amarris.