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Cohabiter avec la faune marine

Édition 2025  |  22 octobre 2025 - 13h27
Ce mercredi, à travers une journée baptisée “Tous Vivants”, le village met la biodiversité à l’honneur. En partenariat avec 11th Hour Racing, La TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie invite le public à plonger au cœur de l’océan grâce à un parcours immersif, installé quai de La Réunion, à la découverte de la faune et de la flore marines. Un message fort, de plus en plus partagé par la communauté de la course au large, elle aussi sensibilisée aux risques de collisions avec les cétacés.

Au Havre, l’océan se raconte dans le bassin mais également sur le village. Nez à nez avec une baleine à bosse, difficile de ne pas être conquis par la beauté de l’animal, presque grandeur nature, projetée sur les murs du conteneur tamisé. Comme une plongée au milieu de cette faune marine, les images valent plus que des mots.

Un espace de vie à partager 

En partenariat avec 11th Hour Racing, la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie invite les visiteurs à découvrir un documentaire immersif projeté sur les parois d’un conteneur maritime installé devant les Bains des Docks. "Noyer notre public avec des messages moralisateurs, cela ne marche pas, explique Marie Atinault, responsable RSE de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Ce film invite, dans un espace isolé de l’agitation du monde, à prendre le temps d’observer et d’écouter des images très fortes, pour ressentir, s’émerveiller et ainsi mieux protéger.”

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Les vidéos issues du fonds Explore et du Schmidt Ocean Institute, sont accompagnées des témoignages de cinq skippers, premiers témoins de l’impact des activités humaines, même dans les océans les plus vastes. "J’essaie de mesurer l’impact que peut avoir la performance de mon bateau, raconte Tanguy Le Turquais (Lazare x Hellio, Ocean Fifty), et la balance est en train de pencher du bon côté. Préserver ce qui vit dans les océans devient de plus en plus important."

Avec parfois des rencontres qui marquent. "J’ai eu la chance d’aller dans les mers du Sud, raconte Anne-Claire Le Berre (11th Hour Racing, IMOCA), et de vivre 12 heures formidables peuplées d’oiseaux. C’est un spectacle incroyable qui doit être préservé." 

Mais la mer réserve aussi des chocs plus douloureux. Lors de son Vendée Globe, Roland Jourdain (Explore) heurte un cétacé : "ça va me faire très mal. Très mal pour lui d’abord, très mal pour mon bateau. Ma première réaction, c’était de me dire : je suis sur son terrain de vie, je suis chez lui et c’est moi l’intrus."

Mutualiser les efforts pour une meilleure efficacité 

Les skippers en ont conscience : leur terrain de jeu est avant tout un espace vivant, celui d’une faune marine qu’il faut respecter. En mer, le mot OANI (“objet ou animal non identifié”, anciennement OFNI) fait frémir. Il peut désigner un conteneur échappé d’un cargo, une bille de bois, ou plus tragiquement un cétacé. Alors comment mieux cohabiter et préserver la vie marine, même lorsque l’océan s’étend à perte de vue ? Depuis 2022, la classe IMOCA fait figure de précurseur sur le sujet. 

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Aux côtés du Marine Mammal Advisory Group (MMAG), dont elle est membre fondateur,  elle œuvre à récolter et croiser les données scientifiques pour comprendre, prévenir et réduire les risques de collision. Grâce à ces informations issues des navigations et des recherches, une cartographie des zones de vigilance se dessine, permettant d’identifier les espaces sensibles que les marins prennent en compte dans leur navigation. Mais cette démarche ne peut fonctionner qu’avec un collectif engagé, et c’est toute la raison d’être du MMAG. "Il faut que tous les acteurs travaillent ensemble, explique Claire Vayer, manager du développement durable de la Classe IMOCA. Avec le MMAG, nous œuvrons à transmettre une vision commune et holistique du sujet, afin que les courses, les classes, les skippers, les scientifiques, les fournisseurs de solutions avancent dans le même sens. Et justement sur les courses multi-classes, l’idée est de véhiculer ce message auprès de chacun."

11th Hour Racing

Parmi les premières initiatives concrètes, le Hazard Reporting System, utilisé depuis 2023 et directement intégré dans les logiciels de navigation : "C’est comme Waze en mer : on est sur la route, on voit un danger, on le signale pour les autres qui passeraient au même endroit”, explique Claire Vayer. “Ce qui est intéressant, c’est que la collecte de données a beaucoup évolué. Aujourd’hui on mutualise les alertes GPS et on collabore notamment avec l’application Whale Alerte accessible à tous, du plaisancier au skipper qui n’a pas encore le Hazard Reporting System à bord."

Sensibiliser les skippers avant le départ 

Une vigilance et des outils de prévention dont il sera question avant le départ de la course lorsque les skippers seront conviés au dernier point d’information. "Lors de ce briefing, en plus des dernières données météo et des ultimes détails du départ, nous sensibilisons les skippers aux zones de vigilance qui existent et à leur localisation, explique Francis Le Goff, directeur de course de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. On ne s’interdit pas, avant le départ, d’ajuster certains parcours de quelques milles pour contourner des zones qui auraient bougé." La direction de course encourage également les marins à utiliser le Hazard Reporting System ou les autres applications disponibles pour signaler tout objet flottant ou tout mammifère marin qu’ils croiseraient. "L’essentiel, conclut Francis Le Goff, c’est de naviguer en toute sécurité, aussi bien pour le skipper que pour les mammifères marins."

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