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Casquets lourds

Édition 2025  |  27 octobre 2025 - 09h29
La nuit n’a pas vraiment été câline autour du Dispositif de Séparation du Trafic des Casquets, zone interdite aux concurrents qui canalise les flux de cargos. Qu’ils passent au Nord pour se donner de l’espace comme les ULTIM et les IMOCA ou au Sud comme les Class40 en ce moment, c’est aussi le timing par rapport au courant et bascules de vent qui a dicté les trajectoires. Dans cet univers hostile pour une mise en route, chaque tandem a cherché la meilleure trajectoire pour s’extraire au plus vite de la Manche, où les rafales à 35 noeuds et une mer atteignant jusqu’à 3 mètres ont secoué les bateaux, mais sans accident majeur à déplorer. L’Atlantique se mérite quand même et tout le monde s’accroche.

ULTIM : Clignotant à gauche pour Maxi Banque Populaire XI

Jusqu’à 2 heures ce matin, le match que se livrent les ULTIM est celui que l’on attendait. Très serré, avec SVR Lazartigue et Maxi Banque Populaire XI à touche touche en pointe, et le tandem Actual Ultim 4 - Sodebo Ultim 3 aux aguets, le tout dans un mouchoir de poche à l’échelle de l’océan. En empruntant le chenal du Four au ras de la côte, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ne signaient pas un coup tactique et on comprenait après le raz de Sein que les tenants du titre mettaient le clignotant à gauche. Ils ont touché ce matin Lorient pour réparer leur safran tribord endommagé dans la nuit mais pourraient repartir rapidement…

Pendant ce temps, les leaders emmenés par le tandem Laperche-Cammas avalent le Golfe de Gascogne à l’approche de la dorsale qu’ils vont franchir dans la matinée. Deuxième au pointage de 6 heures, Anthony Marchand explique : « Nous naviguons sous 1 ris/J2 à 90° du vent qui va mollir et toute la panoplie des voiles va y passer »  Beaucoup de manœuvres en perspective donc aujourd’hui pour les Ultim « après une nuit intense avec beaucoup de virements, la veille des cargos et les changements de voile » poursuit le skipper d’Actual Ultim 4. « La bonne nouvelle, c’est que le bateau est aussi propre qu’avant hier, on n’ a rien cassé ! »

Entre les manœuvres qui prennent toujours pas mal de temps sur ces grands trimarans, la journée va être occupée à affiner le passage de la dépression portugaise, « de mieux en mieux calée sur les fichiers au fur et à mesure qu’on s’en rapproche » toujours selon Anthony. « Il faut savoir si l’on va passer au portant ou au près, ce sera de toutes façons beaucoup de manœuvres et il faudra être très précis » 

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IMOCA : Les favoris au rendez-vous

Mis à part l’accident hier qui a contraint Paprec Arkéa à rentrer au Havre, tous les favoris sont au rendez-vous en ce début de course, avec Macif Santé Prévoyance en tête. En file indienne vers la sortie de la Manche, les 60 pieds sont allés tirer un grand bord jusqu’à la baie de Weymouth en Angleterre pour viser ensuite la pointe Bretagne que les leaders vont atteindre dans la matinée. « C’était plus lié à une rotation de vent à droite qu’à la protection de la côte » expliquait ce matin à la vacation Sam Goodchild, pas fâché de passer Ouessant en tête sur le coup des 9 heures avec une dizaine de milles d’avance sur ses poursuivants. « Le vent a soufflé 30 nœuds, plutôt moins fort que prévu mais la mer était creuse et ça cognait fort. On s’était préparé à la guerre et on est quand même deux ris tourmentin pour ne pas trop taper. Il va falloir larguer les ris avec le vent qui va mollir et adonner. On va en profiter aussi pour un petit check » poursuivait le britannique qui s’apprêtait à passer Ouessant à 9 heures. Derrière, Charal, collé serré avec Allagrande Mapei accusent plus de 10 milles de retard et on retrouve un peu sur l’arrière Associations Petits Princes-Queguiner. Bon début de course aussi pour 11th Hour Racing et Bureau Vallée qui devancent Team Snef-TeamWork.

Tous ces IMOCA de tête seront dans le golfe de Gascogne avant midi et vont devoir caler leur trajectoire pour passer la dorsale qui barre la route vers le Sud. « L’inconvénient d’être en tête, c’est d’être les premiers à se positionner pour passer cette zone ! » souriait Sam Goodchild mais il y a peu de chances de voir la flotte se disperser beaucoup sur l’axe Est-Ouest. 

Bonne nouvelle enfin de cette matinée, Paprec Arkéa devrait reprendre la mer du Havre avant midi.

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© Jean-Louis Carli / Alea

Ocean Fifty : Contraction, décontraction

La flotte s’était un peu comprimée dans le golfe de Gascogne hier où le vent décroissant avec la latitude permettait aux derniers (Viabilis Oceans et Upwind by Merconcept) de combler une partie de leur retard. Mais à l’heure des premiers empannages autour du DST du Cap Finisterre, les leaders ont refait du gain et accéléré. Le franchissement de la dorsale, cette excroissance de l’Anticyclone qui règne sur le proche Atlantique (celui-là même qui canalise le flux de Nord Ouest en Manche) n’a posé aucun problème aux agiles trimarans qui vont dès maintenant se projeter dans la négociation de la dépression portugaise. Toujours en tête, Wewise de Pierre Quiroga et Gaston Morvan fait un sans faute, alors qu’à une cinquantaine de milles derrière, les places s’échangent entre Edenred 5 et Solidaires en Peloton, le premier ayant été handicapé « par des problèmes de pilote automatique » avouait ce matin Basile Bourgnon. Le co-skipper d’Edenred 5 se projetait déjà dans la passage de la dépression portugaise, « le deuxième mur de ce début de transat, qui va nous engloutir et où on ne pourra que subir... il va falloir faire le dos rond encore une fois ». Le dos rond, c’est aussi l’approche réfléchie d’Anne-Claire Le Berre qui avoue avoir longtemps attendu à la sortie de la Manche avant de renvoyer de la toile hier: « On était vraiment sur la réserve avec Elodie Jane et quand on a vu ce qui est arrivé à Koesio qui temporisait aussi, on s’en félicite ». Le seul équipage féminin des deux catégories multicoques a pris son premier repas à midi hier seulement et commence à remettre de le nez dans les fichiers météo « pour un passage assez proche du centre de la dépression » dit Anne Claire. Après cet épisode qui va marquer la prochaine nuit, les Ocean Fifty devraient y voir plus clair sur leur traversée de l’Atlantique.

VIABILIS OCEANS - Ocean fifty
© Adrien Cordier

Class40 : Place à une course de vitesse

La plus grosse flotte de la course avec ses 42 inscrits progressait ce matin au large des Anglo-normandes. Le petit groupe de bateaux qui ont fait le choix de passer au Nord des Casquets, à l’image de SNSM, Faites un don ! ont peut-être allongé inutilement leur route et auront du mal à recoller aux leaders qui font route directe vers Ouessant, malgré un angle plus fermé. La meilleur route était intermédiaire cette nuit, pas trop près du Cotentin mais en restant sous le DST comme l’expliquait le leader Quentin La Nabour sur Bleu Blanc Planète Location. « Ce choix nous a permis de nous refaire après notre mauvais départ. Thierry (Chabagny) a barré toute la soirée mais ensuite la nuit était noire et c’était mieux d’être sous pilote, à régler le bateau. Là, les dés sont jetés et on va suivre les oscillations en renvoyant de la toile jusqu’à Ouessant ». Sur un rythme de Solitaire du Figaro, les places s’échangeaient ce matin en tête d’une course qui va conduire en un peu plus de 48 heures les bateaux à la Corogne. « On est dans un demi-rythme et comme la course va être assez courte, on ne s’est pas beaucoup économisé » confirmait Quentin à la vacation. Avec les cinq premiers qui se tiennent en moins d’un mille, chacun est aux écoutes et c’est une course de vitesse qui débute pour cette première étape, alors qu’on compte trois arrêts au stand ( Maccaferri Futura, Rêve de Large 5 et Wasabiii) et deux concurrents à la peine, encore en Manche Est (Innovad.Group-XLG et RDT Logistic-Forvis Mazars)

A noter en revanche la belle entrée en matière de l’équipage féminin du dispositif Cap Pour Elles. Aina Bauza Roig et Axelle Pillain pointaient dixième sur Engie - Dessine-moi la High-Tech à 7 heures ce matin.

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