Sur leurs vidéos de bord, ils partageaient quotidiennement leur humour et leur joie de vivre. Le duo de Martinique Tchalian avait illuminé l’édition 2023 par leur énergie communicative. Deux ans plus tard, le duo a évolué : Moane Mangattale a pris la relève de Hervé Jean-Marie en devenant le co-skipper de Pierre-Yves Aglaé. Le nouveau binôme a gagné en assurance et en technicité sans jamais perdre leur sourire.
Cap sur la maison Jean-Yves AGLAE et Moane MANGATTALE
Deux ans pour grandir et apprendre
Lors de la précédente édition, Jean-Yves Aglaé découvre la course au large à travers la Route du café. Une expérience unique, intense, presque initiatique. "Après la course, on s'est posé, raconte-t-il. On a continué à naviguer avec le bateau puis on a fait un petit chantier en Martinique pour le remettre en état." De son côté Moane Mangattale pratique la Yole, la voile traditionnelle martiniquaise. "Je me suis dit : pourquoi pas les emmener pour qu'ils puissent être dans la partie technique et nous apporter leur expérience", explique-t-il. Pari gagnant puisqu’ils remportent une victoire. "A ce moment-là, je leur ai dit : bon, les gars je suis là, si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas." La perche est tendue et saisie au vol. Moane embarque pour le convoyage vers le Canada où une nouvelle transatlantique attend Jean-Yves et Hervé : la Transat Québec Saint-Malo (qu’ils ont fini 16e à 16h03 du 1er). "C’était l'occasion pour Moane de mieux connaître le bateau, puisqu’il ne l’avait que très peu manipulé." Un avant-goût du large qui allait très vite se concrétiser.
Naviguer juste
Deux ans ont passé le projet, désormais baptisé Martinique Horizon, s’est solidement structuré et les marins ont gagné en maturité. "Notre objectif, explique Jean-Yves, c’est de rendre une bonne copie : bien exploiter le bateau, bien naviguer, faire les bons choix météo, essayer de ne pas casser." Moane acquiesce : "C’est sûr que dans un coin de la tête, on reste des compétiteurs. On s’est renseigné sur nos adversaires, on sait qu’on a un bon bateau. Maintenant, c’est à nous d’être à sa hauteur." Car en Martinique, les skippers sont regardés comme leurs homologues amarrés à la base de Lorient. "Notre bateau, lorsqu'il reste à quai, décrit Jean-Yves, est bien visible. Tous les gens qui passent à pied ou en bateau dans la marina le voient, s'arrêtent, et font des photos."
Leur île, leur force tranquille
Originaires de Sainte-Luce et du Lamentin, les deux navigateurs goûteront leur entrée dans la baie de Fort-de-France d’une manière bien plus savoureuse que n’importe quel skipper. Leur île, ils la connaissent par cœur et la chérissent. Pour Moane, l’un des endroits qu’il affectionne particulièrement reste le Carbet, au nord-ouest de l’île, dans le Parc naturel régional. "Il y a là-bas une atmosphère vraiment particulière. Les couchers de soleil y sont extraordinaires."
Jean-Yves lui préfère les Pitons du Carbet, plus en hauteur. "C’est une zone de la Martinique qui est très très reculée. Il faut vraiment mériter les pitons du Carbet. Par contre quand on y est, c'est un tout autre visage de l’île, avec beaucoup de végétation. Je n’y ai pas été souvent, 3 ou 4 fois peut-être, parce que c'est quand même une randonnée assez difficile. Mais quand on y arrive, ça vient effacer toutes les larmes de sueur qu'on a déversées." Autre spot magique pour Moane, plus au sud cette fois : Morne Larcher. "Il y a une petite marche qui fait à peu près 40 minutes. C'est violent mais quand tu arrives tout là-haut et que tu découvres le Rocher du Diamant, c'est extraordinaire. Tu pars le matin, le soleil n'est pas encore levé, tu arrives au sommet, tu le laisses se lever. C'est magique."
N’oublions pas que la Martinique est classée Réserve mondiale de Biosphère par l’UNESCO aussi bien pour ces terres luxuriantes que pour ses fonds marins d’une rare beauté. "Je fais de la plongée et de l’apnée, raconte Jean-Yves. Et c'est vrai, qu’en termes de spots, ça démarre du Carbet jusqu'au Prêcheur pour moi. Il y a une diversité exceptionnelle. Pas une plongée se ressemble, le bleu, il a une particularité, c'est vraiment un bleu océan."
Pour atteindre ces eaux turquoises des Caraïbes, il leur reste encore 3750 milles nautiques à parcourir. "J’ai hâte de prendre le départ pour arriver, s’enthousiasme Moane. J'ai vécu l'arrivée en 2023, mais je n’étais pas à bord, ce n’était pas encore mon arrivée. Là, ce sera la mienne. Apercevoir l'île au loin… Peut-être avec les petites lueurs matinales du soleil. Le passage du Rocher du diamant qui longe la côte, ce sera extraordinaire, une dernière grande vague d’émotions."