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Bonafous-Elies, la folle aventure

IMOCA
09 novembre 2025 - 00h03
Pour sa première transatlantique à bord d’Association Petits Princes – Queguiner, Élodie Bonafous a connu une sacrée aventure. De leur bataille dans le « top 10 » (8e), il reste une belle association avec Yann Eliès, une avarie, 36 heures à la barre et même un passage dans un supermarché aux Canaries. Confidences sur les pontons, un verre de rhum à la main.

C’était la seule arrivée de ce samedi après-midi. Entre les grains puissants qui se sont abattus sur la baie, le public est venu nombreux au village et autour du ponton d’honneur. Et comme ici les averses ne durent jamais, le ciel s’est ouvert et a laissé passer les lumières de la fin de journée sur le plan d’eau et sur le seul IMOCA attendu, Association Petit Princes – Queguiner. Élodie Bonafous et Yann Eliès terminent huitième de la course (en 13 jours 7 heures et 7 min) mais leur aventure ne se limite en rien à des statistiques. 

Les péripéties

Élodie : « Nous avons eu des phases différentes : un départ très tonique, six jours idylliques de navigation et les conditions se sont ensuite durcies. Nous avons dû faire une petite escale aux Canaries qui nous a mis dans le dur mais ça a transformé la course en une autre aventure. On sait en prenant le départ d’une transatlantique qu’il peut y avoir des aléas, c’est essentiel de s’adapter quand on est marin. »

L’escale

Yann : « L’escale était improbable ! Le port était plein de plaisanciers qui restent quelques jours sur de beaux yachts. Et nous, on s’est juste posé à terre 45 minutes. On a pris une douche et on s’est retrouvé à faire les courses dans un supermarché. À l’intérieur, c’était un peu n’importe quoi, on a acheté tout ce qui nous faisait plaisir : pain, beurre, saucisson… C’est clair qu’on s’est bien sentis en décalage ! » 
Elodie : « C’était lunaire ! On se baladait avec notre sac plastique de linge sale, on parlait un anglais un peu approximatif… C’était 'Un Indien dans la ville' ! »     

36 heures seule à la barre

Yann : « Le fait de voir la terre et de savoir qu’on allait retrouver les copains, mon mal de dos a disparu. Mais ça n’a pas été facile puisque la douleur m'a un temps empêché de participer aux manœuvres. J’étais scotché dans la bannette donc Élodie a fait 36 heures de solitaire ! La partie solitaire sur la TRANSAT CAFÉ L’OR, ce n’était pas prévu mais elle a très bien endossée le costume ! » 

 

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© Jean-Louis Carli / Alea

La rudesse des conditions 

Élodie : « À bord, ce n’est jamais de tout repos. Avant, j’appelais le bateau le shaker. Là, je lui ai trouvé un nouveau nom : l’accrobranche. On passe notre temps à être suspendu à l’intérieur. Tu te déplaces en te tenant constamment au plafond. Je commençais à avoir des tendinites à l’épaule. Tu es tout le temps crispé, tout le temps tendu. Ce n’est qu’en s’allongeant dans la banette que tu peux parfois te détendre. Thomas et Ambrogio ont parlé de « sauts de bannette » et j’aime beaucoup cette expression ! »

Yann : « On vit en permanence avec le stress de la casse, de la sortie de route, de voiles déchirées… Quand tu passes six à sept jours enfermés dans la cabane à faire des allers-retours entre ta colonne de winchs et la bannette sans mettre la tête de dehors, c’est très engagé ! C’est sûr qu’on ne voit pas grand-chose… Mais c’est la voile de demain ! »

Des sensations uniques 

Élodie : « Ce sont des sensations de dingue, des navigations incroyables. Il y a un côté challenge, un niveau de difficulté qui me booste et qui me plaît énormément. Tu passes par toutes les émotions, tu traverses l’Atlantique à haute vitesse, tu arrives à 30 nœuds en volant au large du Diamant, c’est magique ! » 

Yann : « Plus la fin de carrière se rapproche, plus les moments où je me demande ce que je fous là arrivent souvent. Mais je me dis qu’il faut continuer à en profiter parce que ce sont des machines incroyables. Alors tant qu’on m’offre ce genre d’opportunités, je continuerai à les saisir. » 
 

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© Jean-Louis Carli / Alea